Cette chapelle de surface se trouvait à Saqqara d'où elle a été démontée et expédiée en Europe. Son emplacement d'origine, ensablé à nouveau, n'a pas été retrouvé jusqu'à maintenant. Le monument a été acquis par le Rijksmuseum van Oudheden de Leyde en 1828 avec le reste de la collection d'Anastasi. La reconstitution faite dans le musée montre que de nombreux blocs des couches hautes ont disparu. L'aspect de la chapelle en rappelle d'autres aménagées à Saqqara durant la période amarnienne et post amarnienne immédiate.

Comme le papyrus Harris 500, la chapelle porte, gravé sur une paroi, un harpiste aveugle psalmodiant le chant d'Antef, dont nous avons parlé dans l'article sur .

Le personnage

Le propriétaire se nomme "Pa-Aton-em-heb: L'Aton (le disque solaire) est en fête", un nom typique de la période amarnienne. Son principal titre est celui d'Échanson royal ; son épouse Tipouy qui l'accompagne est désignée comme "maîtresse de maison" et "chanteuse d'Amon". Pour autant que je (Thierry Benderitter) puisse en juger, aucun enfant n'est nommé, mais deux personnages féminins anonymes sont probablement les filles du couple.
Il existe dans la chapelle de nombreuses références à Osiris, le grand dieu des morts, ainsi qu'à plusieurs autres dieux et déesses. Or, pendant le règne d'Akhénaton, toute allusion à un avenir post mortem guidé par Osiris et les dieux traditionnels est bannie. Le monument peut donc être daté de la toute fin de la période amarnienne, après la mort d'Akhenaton, sous le règne d'Ankhet-kheperou-rê, de Smenkarê, de Toutankhamon, d'Ay ou d'Horemheb. Par ailleurs, le défunt n'a pas de rapport avec son homonyme, le général Paatonemheb qui possède la tombe TA24 du groupe sud à Akhetaton (Tell-el-Amarna).

L'entrée

Les deux colonnes papyriformes ( et détail d'une inscription ) "se trouvaient à l'origine dans la chapelle, contribuant avec les murs à soutenir le toit qui était coiffé d'une petite pyramide en briques crues surmontée d'un pyramidion en pierre" (traduction du texte néerlandais qui se trouve sur une petite étiquette explicative).

Je (Thierry Benderitter) pense plutôt qu'elles faisaient partie d'une cour péristyle qui devait exister devant l'entrée de la chapelle, comme c'est le cas par exemple de la tombe memphite du Généralissime Horemheb avant qu'il ne devienne pharaon ().
Deux fragments des montants en pierre de l'entrée ont été repositionnés (). Le fragment de gauche est le mieux conservé. Il comporte au moins deux tableaux différents, dont celui du bas persiste (agrandi sur l'image à droite).
Paatonemheb est assis sur un siège à dossier, tenant un sceptre-sekhem d'une main tandis que l'autre est tendue vers la petite table d'offrandes devant lui. Agenouillée à ses côtés se tient son épouse Tipouy qui porte une fleur de lotus à ses narines. Le texte devant lui est une prière traditionnelle de sortie à la voix pour bénéficier des offrandes.

Le couloir d'entrée

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Ses dimensions ne sont pas précisées, mais sont très modestes. Il est bordé par les parois n°8 (à gauche) et n° 7 (à droite).

Paroi n°8

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Registre supérieur

À droite, tourné vers la sortie, se tient un homme dont l'habit comporte un grand devanteau bouffant par-dessus une longue tunique plissée qui descend jusqu'aux chevilles. Les pieds, dont la couleur est partiellement conservée, sont chaussés de sandales. En face de lui se tiennent un homme et une femme, debout, tournés vers le personnage précédent.

Registre inférieur

Des porteurs d'offrandes se dirigent vers l'intérieur de la pièce où les offrandes s'accumulent sur plusieurs niveaux : pains, fruits et légumes, pièces de viande, gibier d'eau…
Du côté gauche, des femmes amènent de grandes tiges de papyrus, un canard. La première tient un petit plateau avec deux mèches torsadées autour d'un cône de graisse (), dont on trouve un autre exemple dans le caveau d'Inerkhaou, TT359 (). Devant elles, des hommes amènent divers produits, notamment des amphores et un veau. Devant la pile de victuailles, un prêtre-sem reconnaissable à sa peau de félin purifie les offrandes à l'aide d'une aiguière.
On peut remarquer que les hommes portent le long pagne plissé de cérémonie, qui remonte haut dans le dos; les femmes sont également somptueusement habillées et sont coiffées de très longues perruques. C'est l'occasion de rappeler que nous avons bien tort de croire que les porteurs d'offrandes sont toujours des serviteurs : membres de la famille, collègues et amis peuvent aussi jouer ce rôle.

Paroi n°7

Registre supérieur

Une très belle scène montre le couple Paatonemheb-Tipouy, dont hélas il ne reste pas grand-chose, avec une de leurs filles (?). Celle-ci est accroupie en tailleur, tournée vers sa mère dont elle enserre les genoux d'une part et qui pose son autre main sur la jambe de Paatonemheb (son père ?). On remarque en particulier le travail sur la perruque et les petits cheveux naturels frisotants qui en dépassent. Des bras et des genoux repliés traduisent la présence d'autres personnes aux pieds de la femme. Devant l'homme se trouve une table d'offrandes avec des pains et, au-dessus, un personnage plus petit tourné en sens inverse.

Registre inférieur

Le couple assis sur la gauche est mal conservé. L'homme tend la main ouverte vers le plateau de victuailles que lui apporte un personnage très bien vêtu, qui tient dans l'autre main un bouquet d'Amon. Derrière lui, trois femmes amènent des tiges de papyrus, un canard, un sac et des fruits, probablement des grappes de raisin et des grenades (?) montés et réunis à une anse que tient la femme la plus à droite.

La salle transverse

Le petit couloir débouche sur une salle transversale qui comporte dans le mur du fond une stèle dont nous avons vu que ce n'est pas la place d'origine. À droite et à gauche, on trouve deux petites ailes en "U" inversé.

La stèle

Contre le mur du fond se dresse aujourd'hui une stèle, dont ce n'était pas la position initiale, comme le précise Carolus Leemans : "Dans la paroi opposée à l'entrée de la chambre, il y a une ouverture, par laquelle on passait dans une autre chambre; la stèle est placée à présent devant cette ouverture, quoiqu'elle ait occupé une autre place dans le tombeau".
Il s'agit d'une stèle en calcaire, de 159 × 125 cm, comportant une corniche .

a)- Architrave et montants

L'architrave comporte quatre textes, finement gravés dans le creux, disposés dans deux registres superposés symétriques par le milieu. Tous ces textes commencent à partir du signe "hetep" et courent vers la gauche où la droite, et se poursuivent verticalement sur les montants. Il s'agit de quatre prières pour que les dieux invoqués virent à Paatonemheb et Tipouy les offrandes qui auront été déposées sur leurs autels.

b)- Partie centrale de la stèle

Elle comporte deux registres superposés, de mêmes dimensions, contenant une scène chacun.

Registre supérieur

Paatonemheb et Tipouy rendent hommage à Osiris.
Le grand dieu des morts, "Osiris, qui est à la tête de l'Occident" est assis sur l'archaïque siège cubique bas, sous un édifice en matériau léger. Il porte ses attributs habituels. Il est protégé par sa sœur et épouse Isis et son autre sœur et maîtresse Nephtys. À ses pieds, sur une ombelle de papyrus ouverte, se tiennent ().
En face du dieu, le défunt – dont on remarquera le crâne allongé de style encore amarnien – s'avance en adoration. Autour du cou, il porte deux colliers shebyou en or. À la différence de sa femme, il n'a pas de cône festif sur la tête.
Tipouy porte un bouquet de papyrus ; elle est somptueusement vêtue et coiffée d'une perruque exagérément longue. Entre le dieu et le couple se dresse une petite table d'offrandes. Le texte est une prière à "Osiris, maître de Ro-Setaou" afin qu'il accorde au couple le doux souffle de la brise du nord.

Registre inférieur

Sur la droite, le couple assis formé par Paatonemheb et Tipouy devait être représenté comme celui de la paroi n°3 dans la scène du harpiste. Tipouy est de taille nettement inférieure à celle de son époux. Sous son siège se trouve un singe attaché à un des pieds, probablement son animal de compagnie (). Le défunt étend sa main droite au-dessus d'un petit guéridon sur lequel s'empilent les victuailles; au pied se trouvent des cruches de vin entourées de lotus en fleurs ou en boutons. Le texte identifie les deux personnages : "(L') Osiris, l'échanson royal, Paatonemheb, juste de voix" et "son épouse, la maîtresse de maison, la chanteuse d'Amon, Tipouy".
En face du couple se tiennent une femme et un homme. La femme, ayant encore une fois revêtu un bel habit, tient une grande brassée de tiges de papyrus d'une main et un bouquet monté qui semble constitué de grenades. Son compagnon a revêtu la peau de félin du prêtre-sem et fait une libation ainsi qu'un encensement. Le texte est une formule d'offrande de type "hetep di nesou" banale.