La tombe thébaine KV 57 est la seconde sépulture connue d'Horemheb, après celle qui se situe à Saqqara, qui date de l'époque où il n'était encore que Généralissime de Toutankhamon. Il est considéré comme le 15e et dernier pharaon de la prestigieuse XVIIIème Dynastie durant une grande partie de laquelle l'Égypte contrôlera peu ou prou tout le Proche-Orient et la Nubie. Après lui et en fait avec lui commence la XIXe Dynastie, basée sur des militaires, celle des premiers ramessides, qu'inaugurera Ramsès I.
Horemheb constitue en fait - tout comme son prédécesseur - Ay une dynastie à lui seul.

HOREMHEB - LE GÉNÉRAL

Horemheb est d'origine roturière et on ne sait rien de ses parents.
Le début de sa brillante carrière se fait sous Akhénaton et se poursuivra tout au long de l'époque amarnienne jusque sous Ay à qui il finira par succéder. Excellent militaire il devient rapidement général puis général en chef. Son vrai rôle politique semble débuter sous Toutankhamon où il est clair qu'il partage le pouvoir avec le Divin Père Ay. Ses relations avec ce dernier restent du domaine de l'hypothétique mais n'ont certainement pas du être faciles (voir à ce sujet la discussion dans " ").
De même, le rôle de Nakhtmin auprès du jeune souverain reste peu clair. Nakhtmin était général, et successeur de Houy comme vice-roi de Koush. Certains (Schulman, JARCE III, 1966) pensent même qu'il aurait levé une armée dans le sud pour tenter d'éliminer Horemheb et son armée du nord, et qu'il ait échoué. Horemheb fera ultérieurement mutiler ses monuments. Ceci pourrait expliquer pourquoi, au moment de la succession de Toutankhamon, Horemheb péfèrera soutenir le vieux courtisan Ay - sans doute à charge de revanche - plutôt que de risquer de voir s'approcher de trop près du trône ce jeune rival. La chape de plomb qui est tombée sur la mémoire de Nakhtmin ne permet pas de savoir quel fut son rôle politique effectif.
Quoi qu'il en soit, dans cette fin de période amarnienne trouble (pour plus de détails, lisez , je pense que vous ne le regretterez pas) on peut-être certain que c'est sur Horemheb que reposait la sécurité des frontières de l'Égypte, menacées surtout à l'est après la "diplomatie de l'or" qui prévalait sous Amenhotep III, laquelle avait quasiment fait disparaître les expéditions militaires.

Les restes de , par sa taille et la qualité de sa réalisation, témoignent de l'importance qu'avait prise à cette époque le général devenu premier ou second personnage de l'état auprès d'un roi-enfant.

HOREMHEB - LE PHARAON

Avec Horemheb, ce sont les militaires qui arrivent donc au pouvoir. Continuant l'oeuvre déjà commencée sous ses prédécesseurs Toutankhamon et Ay, Horemheb aura à coeur de faire disparaître à Thèbes les résidus de l'hérésie amarnienne et d'y établir la prééminence du culte d'Amon. Par contre il a été bien montré qu'il n'est probablement pour rien dans la destruction d'Akhétaton, l'éphémère capitale d'Akhénaton à Tell el-Amarna, qui sera l'oeuvre des ramessides pour des raisons qui ne sont toujours pas claires.
Djeser-Kheperou-Rê (approx. 1319-1292 avant J.-C.) est donc classiquement considéré comme le dernier pharaon de la XVIIIe Dynastie, place qui devrait plutôt revenir à Toutankhamon puisque ni lui ni son prédécesseur Ay n'étaient directement issus de la lignée thoutmoside et qu'ils devraient chacun constituer une dynastie à eux seuls.
Mort apparemment - comme Ay - sans enfant, Horemheb fera en sorte que la couronne échoie à un de ses compagnons d'arme, le général Paramessou, qui deviendra Ramsès I, car il avait sûrement remarqué que le fils aîné de cet homme déjà âgé disposait d'un potentiel extraordinaire. En quoi il avait vu juste, car Sethy I sera un des plus grands pharaons d'Égypte.

LA TOMBE ROYALE KV 57 - GÉNÉRALITÉS

L'entrée de la tombe fut découverte le 25 février 1908 par Davis et son collaborateur Edward Ayton.

Cette tombe peut-être considérée comme le monument le plus innovant qu'Horemheb ait laissé à Thèbes.
Son plan combine en effet un axe globalement linéaire, comme dans les tombes amarniennes, associé à un décrochage, équivalent du changement d'axe institué au début de la XVIIIe dynastie.
La tombe fait environ 110m de long et s'enfonce de 30m sous terre, suivant un axe presque parfaitement orienté nord-sud depuis l'entrée jusqu'à la chambre funéraire. Le décrochage survient dans la salle à piliers juste après la salle du puits ; là, l'escalier suivant est déporté vers l'ouest. Il continuera ensuite, presque parallèle aux escaliers et couloirs précédents.

La chambre funéraire est disposée sur deux niveaux. Le premier, le plus haut, est constitué par une plate-forme à six piliers. Celle-ci surplombe la seconde zone, plus basse, où reposait le sarcophage. De ces deux niveaux partent neuf pièces annexes, celle située au nord n'étant que débutée.

La décoration de la tombe, qui est partiellement faite en relief levé sur un fond bleu-gris, est de haute qualité, mais très incomplète. Seule l'antichambre et la salle du puits sont complètement décorées, mais pas la chambre funéraire.
La décoration est basée sur la première occurrence connue du Livre funéraire connu sous le nom de "Livre des Portes", où des portes monumentales séparent chacune des heures de la nuit, un nouveau concept pour la description du périple nocturne du soleil.

On ignore si une ou plusieurs des annexes étaient destinées à recevoir des décorations, mais elles sont restées anépigraphes, tout comme la première salle à piliers et tous les corridors et couloirs.

Tout comme pour ses trois prédécesseurs Ay, Toutankhamon et même Amenhotep III (pour ne pas parler d'Akhénaton) on ignore pourquoi la décoration est restée aussi incomplète. Pour Toutankhamon le facteur temps a certainement joué, mais pour les autres cela reste un mystère. Tout se passe comme si les artistes n'avaient eu le droit de réaliser les décors dans la chambre funéraire qu'à partir du décès du souverain. Peut-être craignait-on que le terrible pouvoir magique des représentations ne soit prématurément libéré, ou que l'achèvement de la tombe entraîne le décès du propriétaire…
Chez Horemheb, on a vraiment l'impression que les décorateurs ont stoppé leur travail un jour et n'y sont plus retournés le lendemain. Les déblais n'ont même pas été totalement enlevés dans la chambre funéraire avant qu'on n'y introduise la momie du roi défunt, ce qui aurait pourtant été facile pendant les 70 jours que durait le processus de momification.
De plus, Horemheb est mort à un âge avancé, autour de 80 ans, et son décès était donc prévisible. Pharaon riche et puissant dans un pays en ordre, ce ne sont certainement pas les moyens qui lui ont manqué. Cela reste - et restera sans doute toujours - un mystère.
L'incomplétude du décor nous permet au moins d'appécier les différentes étapes de sa réalisation.

La tombe fut pillée dès l'antiquité, comme la quasi-totalité des autres tombes royales. Après avoir atteint la salle du puits, les voleurs ont trouvé l'ouverture du mur nord conduisant à la partie profonde de la tombe ; elle avait été rebouchée et peinte après l'inhumation dans un effort dérisoire pour tenter de tromper les intrus.

Lors de sa découverte par Davis la tombe contenait cependant encore des objets intéressants, notamment le grand sarcophage de granit rouge du roi et un coffret à canopes en calcite. Il s'y trouvait également plusieurs statues en bois de divinités ainsi que deux statues grandeur nature du roi, également en bois, rappelant fortement celles présentes dans la tombe de Toutankhamon, mais sans incrustations dorées. Dans ce qu'on a coutume de nommer la chambre d'Osiris furent retrouvés les restes osseux de deux femmes, tandis que dans le sarcophage lui-même ce sont les restes d'un homme et d'une femme qui furent trouvés, mais certainement pas le roi. La momie de celui-ci a en effet disparu ou n'a pas été identifiée.

LA TOMBE ROYALE KV 57 DANS LE DÉTAIL

La décoration de la tombe adopte le schéma suivant () :
Entrée, corridors et escaliers (A-D) : non décorés.
Chambre du puits (E) : scènes avec les dieux.
salle à piliers supérieure (F) : non décorée.
Corridors et escaliers (G-H) : non décorés.
Antichambre (I) : scènes avec les dieux.
Entrée dans la chambre funéraire : la déesse Maât.
Chambre funéraire - partie haute à piliers (J1) : Livre des Portes.
Chambre funéraire - niveau du sarcophage (J1) : Livre des Portes.
Annexes ouest (K-N) : M ("Chambre d'Osiris") très partiellement décorée.
Annexes nord (O-Q) : non décorées.
Annexes est (R-S) : non décorées.

ENTRÉE, PREMIER CORRIDOR ET ESCALIERS A-D

On entre dans la tombe par une volée de marches raides (A) qui passent sous un surplomb inhabituellement profond. Cet escalier nous amène, après passage à travers la porte moderne, dans un corridor pentu (B). Puis nous retrouvons un escalier raide de 25 marches, flanqué de chaque côté par une sorte de niche-étagère de 50 cms de profondeur et de 1,5m de hauteur, dont la signification reste obscure, peut-être technique. Après un autre corridor pentu (D), nous arrivons à la salle du puits (E). Notre périple de 45m nous amène déjà à 20m sous le niveau de l'entrée.

Nous n'avons pour le moment rencontré aucune décoration, et ceci sera encore le cas pour ces passages dans qui succédera à Horemheb. Il faudra attendre le fils de celui-ci, Sethy I, pour que ces passages soient décorés.

LA SALLE DU PUITS - E

La pièce mesure 4,16m de large pour une longueur de 3,37m, avec un plafond qui est à 2,39m du plancher théorique. Le puits proprement dit a environ 4m de profondeur et est encore actuellement partiellement encombré de déblais. La pièce fait avec le couloir précédent un angle de 3° vers la gauche (ouest), créant ainsi le premier changement d'axe.
Après l'inhumation, l'ouverture située à l'extrémité gauche (nord) de la pièce avait été scellée, plâtrée et revêtue d'un décor. Après l'effraction due aux voleurs, nous ne possédons plus qu'une partie de ce motif.
Le seuil et l'entrée à la salle sont au même niveau que la fin du corridor (D), mais la pièce proprement dite est creusée à sa base, formant un grand puits qui lui donne son nom.

1) - La signification de la salle du puits reste encore débattue

Initialement, les archéologues ont pensé qu'il s'agissait d'une protection contre les pillards, mais cette hypothèse est aujourd'hui tombée en désuétude. Le puits est peut-être en rapport avec le Noun, l'Océan des origines d'où toute vie a surgi. Ce rapport à l'élément liquide a pu venir d'une constatation simple : lors des rares mais très violents orages qui arrosent régulièrement Thèbes, les eaux de ruissellement s'infiltraient dans les chantiers en cours et dans les tombes déjà existantes. Les architectes égyptiens ont donc creusé ce puits qui recueille ces eaux avant qu'elles ne s'enfoncent plus profondément dans la tombe.
À partir d'une fonction au début utilitaire, les théologiens ont pu ensuite trouver au puits une signification symbolique. Par contre l'explication du creusement à la base du puits d'une chambre reste à trouver. Elle ne s'intègre guère dans un processus de protection contre les eaux.

2) - Décoration

Cette salle, ainsi que l'antichambre (I) sont décorées de représentations d'Horemheb en compagnie des dieux.
Bien que de telles scènes soient déjà présentes dans les mêmes salles de tombes antérieures, elles prennent ici une importance particulière avec l'utilisation de la sculpture en relief levé. C'est dans les visages que le travail sur le relief est le plus abouti. La couleur parfaitement conservée et chatoyante donne des images magnifiques que même celles de la tombe de Sethy I, une référence, ne parviendront pas à égaler.
Tous les murs sont surmontés d'une frise de khakérou posée sur un motif géométrique comportant une alternance de bleu, rouge, vert, jaune, noir et blanc. Ce motif se prolonge verticalement à chaque extrémité. L'ensemble repose sur le signe hiéroglyphique du ciel qui est soutenu à chaque bout par un spectre Ouas. Remarquons que les khakérou ne présentent pas leur aspect habituel mais apparaissent échancrés à leur sommet où on a rajouté un disque solaire jaune supplémentaire.
La base des registres est séparée du motif noir qui fait la jonction avec le sol par deux larges bandes jaune et rouge.
Le plafond est actuellement en mauvais état. Il est décoré d'étoiles jaune d'or sur un fond bleu nuit et confirme que nous sommes bien dans un domaine céleste.

3) - Description des scènes

Nous partons dans le sens des aiguilles d'une montre à partir du mur sud

, à gauche de l'entée (vue puis )

Mur sud, à gauche

Sur un autel est étendu le chacal représentant Anubis. Il porte un fouet sur le dos et autour du cou le signe hiéroglyphique signifiant "protection".

Mur ouest

(3 scènes)

Horus (ici Harsiesis = Horus-fils-d'Isis; en effet il existe différents types d'Horus) présente Horemheb à Isis. Le roi porte un pagne richement décoré avec un devanteau triangulaire. Il est coiffé du némès royal, comme partout ailleurs dans la tombe. La barbe droite des vivants et la queue de taureau complètent l'image du souverain. Horus porte la Double Couronne. Nous retrouvons aussi Isis qui porte sur la tête des attributs d'Hathor. Sa robe moulante est ornée de motifs de plume, rappelant les sarcophages "Rishi" ; dans ses mains, le spectre Ouas de pouvoir et un signe Ankh. Horus porte lui ces deux attributs dans une main, tandis que l'autre repose sur l'épaule du roi, lui offrant ainsi sa protection.

Le roi porte un pagne simple et offre des vases à vin à Hathor, représentée en déesse de l'Ouest dont elle porte les attributs sur sa perruque. La scène, quoique bien endommagée, reste lisible.

Horemheb, qui porte les mêmes attributs que devant Isis, est représenté devant Osiris-Ounnefer qui lui offre la vie, assis sur son trône habituel, lequel repose sur le signe hiéroglyphique biseauté Maât. Il porte son habituelle couronne Atef. Il est intéressant de noter que le roi porte la barbe droite longue des rois vivants et Osiris la barbe à extrémité recourbée des dieux morts.

Mur nord, à gauche

Horus (Harsiesis). Cette scène très abîmée devait montrer Horemheb devant la triade Horus, Anubis et Osiris.

Maintenant nous allons dans le sens contraire des aiguilles d'une montre en commençant par le mur sud, à droite de l'entrée (vue puis )
Le mur est est quasiment une copie en miroir du mur ouest.

Mur sud, à droite :

Horemheb est debout devant Horus (Harsesis) et Hathor (en déesse de l'Ouest). Osiris est habillé comme dans la scène du mur ouest où il se tient devant Isis et Osiris. Les deux dieux sont vêtus d'une chemise et d'une robe sans manches. La robe, magnifique, est entièrement couverte de dessins de plumes et d'ailes.

Mur est :

(3 scènes)

Horus (Harsesis) présente Horemheb à Isis. La scène ressemble à celle du mur ouest. Horemheb et Horus sont habillés de la même façon mais le dieu ne porte pas de queue de taureau. Isis par contre est complètement différente. Elle porte sur sa tête le hiéroglyphe de son nom et non les cornes hathoriques sur une perruque noire et non bleu-lapis et une robe différente. Elle assure Horemheb qu'elle lui donne "le trône d'Osiris afin d'être en paix".

L'offrande de vin que fait Horemheb à Hathor ressemble à celle du mur ouest. Hathor, qui offre protection au roi, est ici représentée sous sa forme habituelle et porte sur la tête les cornes entourant le disque solaire sur une perruque bleue et noire (vue ).

Le roi devant Osiris-Ounnefer est pratiquement identique à sa figuration sur le mur ouest, à la seule différence de ses bracelets de bras.

Mur nord, à droite :

Horemheb (qui a disparu) devait se tenir debout devant la triade Horus, Anubis et Osiris. Osiris, est assis sur un trône plus richement décoré avec sur son flanc le signe de l'union des Deux Terres (Sema Taouy). Le trône repose sur le signe de Maât par l'intermédiaire d'une natte. Horus porte la longue tunique bleue, tandis qu'Anubis porte une chemise sans manches, un pagne court et une perruque bleue. Seul le pied du roi reste visible devant le hiéroglyphe de Maât, le reste a disparu.

On peut remarquer dans toutes ces scènes, comme dans celles de l'antichambre à venir, l'absence totale d'Amon ou d'Amon-Rê. Il faudra attendre la fin de la XIXe et le début de la XXe Dynastie pour voir le dieu de Karnak retrouver droit de cité parmi les divinités funéraires invoquées dans les tombes.

Première salle à piliers - F

La pièce fait 6,88m de large et 7,53m de longueur pour une hauteur de 2,72m. Un second petit changement d'axe, de 4° est retrouvé ici. Deux piliers carrés d'1m de côté sont présents dans l'axe de la salle.
On quitte cette pièce anépigraphe par un escalier taillé dans le roc à la base du mur ouest, dans l'espace avec un des piliers.

Corridor et escaliers - G-H

L'escalier de 16 marches par lequel on quitte la pièce amorce le second axe de la tombe, décalé de 7° par rapport à l'axe initial. Nous passons ainsi dans le corridor (G) avant d'atteindre l'escalier (H) de 12 marches et d'entrer dans l'antichambre (I).
Le dernier escalier va changer l'axe de progression une ultime fois, avec un retour de 3° vers la salle du puits. Des deux côtés le mur est creusé d'une sorte d'étagère de 25 cms de profondeur destinée à soutenir les poutres servant à la descente du sarcophage.
Nous avons ainsi parcouru 21m de couloirs et escaliers, sans rencontrer aucune décoration.

Antichambre - I

La pièce mesure 4,12m de large sur 5,21m de long, avec une hauteur de 2,66m. Nous sommes maintenant à environ 28m de profondeur. A l'origine les deux issues de cette pièce étaient fermées par des portes en bois comme le montrent les restes d'emplacements pour les gonds et de plâtre. La porte menant vers la partie haute de la salle funéraire avait été décorée sur le versant tourné vers l'antichambre, l'autre versant étant destiné à la porte a été laissé vierge. Le linteau initial a quasiment disparu.

Décoration de l'antichambre.

Comme la salle du puits (E), cette pièce comporte des représentations d'Horemheb devant des divinités, mais le nombre de scènes est ici plus grand. On insistera sur la qualité remarquable du travail de peinture et de sculpture.
Le sommet des murs comporte ici encore la frise de khakérou et les décors géométriques déjà vus.
Le plafond, qui était très endommagé, a été restauré. Il comporte un fond noir parsemé d'étoiles jaune d'or. Le passage du bleu profond au noir s'explique probablement par le fait qu'on se rapproche de la partie la plus profonde du monde souterrain.

Nous allons progresser dans le sens des aiguilles d'une montre, en commençant par la partie gauche du mur ouest, près de l'entrée (vues puis ).

Mur sud, à gauche:

Le roi, vêtu d'un pagne, est salué par Hathor qui l'enlace par les épaules. Elle arborre sur la tête le hiéroglyphe de l'Ouest et porte une robe rouge collante.

Mur ouest :

(vues et ).

1) Cette fois le roi est approché par Anubis sous sa forme anthropozoomorphe, corps d'homme et tête de canidé, qui lui offre la protection. Il tient en main le sceptre de pouvoir Ouas et le signe de vie Ankh. (vue ).

2) Horemheb, dont le pagne comporte maintenant une pièce centrale de couleur différente, offre maintenant du vin à Isis qui est coiffée d'attributs hathoriques et vêtue comme Hathor. Elle lui offre en retour "la royauté d'Ounnefer" (= Osiris recomposé) .

3) Horemheb a une nouvelle fois changé de pagne. Il est maintenant en présence d'Horus-fils-d'Isis et le salue quatre fois pour lui avoir accordé de "se lever dans le ciel, comme Rê"

4) Puis Horemheb offre les vases de vin à Hathor sous sa forme de déesse de l'Occident. Comme toujours dans cette tombe elle porte sur sa tête le symbole de l'Ouest, siège du royaume des défunts. La déesse le récompense en lui octroyant ""le trône d'Osiris, éternellement".

5) Horemheb, vêtu de son pagne richement décoré à devanteau, se tient en adoration devant Osiris (vue ).

Mur nord, à gauche

Une partie de la scène, grandement détruite au moment de la découverte de la tombe, fut ultérieurement restaurée en 1934. Le roi, habillé comme devant Osiris, se tient debout devant Ptah. Le corps verdâtre du dieu est serré dans son habituel vêtement moulant, la tête est couverte d'un capuchon bleu. Ses mains seules émergent, tenant un sceptre combiné Ouas-Djed. Comme Osiris, Ptah se tient sur le signe de Maât devant un grand pilier Djed dressé, autre symbole osirien. Nous retrouvons ici une référence aux préférences d'Horemheb qui semblent l'avoir poussé vers le grand dieu de Memphis plutôt que vers l'Amon de Thèbes.

Nous allons maintenant progresser en sens anti-horaire, en commençant par la portion du mur sud située à droite de l'entrée (vue puis )

Mur sud, à droite :

Comme dans la salle du puits, cette paroi commence avec Horus présentant Horemheb à Hathor. La déesse porte une belle robe rouge sans manche et une perruque noire (vue ).

Mur Est :

(5 scènes) (vue et ).

Comme dans la salle du puits, le mur est est une copie quasi conforme du mur ouest, sauf qu'ici Horemheb fait l'offrande des vases à la divinité masculine et non féminine. À l'exception d'Osiris, toutes les divinités portent un sceptre Ouas et un signe Ankh.

1) Le roi, avec son pagne habituel, offre les vases à Anubis qui en retour l'assure de sa protection.

2) Horemheb porte un pagne avec une pièce centrale de couleur ocre et se tient devant Isis qui porte une robe blanche sans manche. Il fait l'adoration quatre fois afin qu'elle l'assure qu'elle "le traitera comme Rê".

3) Le pagne royal a encore changé. Le souverain se tient maintenant devant Horus à qui il offre les vases. Horus lui assure qu'il lui a attribué "le trône de son père Osiris".


4) Horemheb se retrouve une nouvelle fois en présence d'Hathor portant sa magnifique perruque composite noire et bleue surmontée de ses attributs déjà rencontrés. Elle promet au roi "une éternité de joie".

5) Le roi dans son pagne de cérémonie à devanteau se tient devant Osiris, représenté comme nous l'avons déjà vu. En échange de sa libation de vin, le dieu lui promet "le don de vie, chaque jour, comme Rê" ().

Mur nord, à droite :

Dans cette scène Horemheb est habillé comme devant Osiris mais se tient devant le dieu Nefertoum qu'on identifie facilement grâce à la fleur de lotus bleu qu'il porte sur la tête. Nefertoum est considéré comme le fils de Ptah qui lui fait face sur le mur ouest opposé. Le dieu porte un pagne simple et une perruque bleue. Derrière lui est représenté en grande taille un noeud d'Isis rouge, qui fait face au Djed osirien sur le mur opposé (vue ).

Finalement, que penser de ces scènes où nous trouvons Horemheb devant des divinités ?

Si nous comptons les images qui ont disparu dans la salle du puits, ce ne sont pas moins de 23 représentations qui sont présentes. Sur les 21 images qui restent analysables, nous trouvons Horus-fils-d'Isis 8 fois, Hathor 7 fois, Osiris 5 fois, Isis et Anubis 4 fois, Maât 2 fois, Ptah et Nefertoum une fois.
On remarque avec intérêt l'interchangeabilité des attributs céphaliques d'Isis et d'Hathor.
Notons enfin que dans la salle du puits, Horemheb apparaît avec son titre de roi vivant "Maître des Deux Terres", tandis que dans l'antichambre il est "l'Osiris-roi, fils de Rê", un titre funéraire.

Décoration de la partie nord de la porte vers la chambre funéraire

L'ouverture entre l'antichambre et la chambre funéraire montre le passage d'Horemheb vers le royaume des morts. De chaque côté apparaît la déesse Maât, pour à la fois "le recevoir" et "le guider" dans l'au-delà. Sur sa tête elle porte la plume d'autruche symbolisant la Maât (vérité, justice, ordre et équilibre du monde…). Ces deux images de la déesse font face au roi entrant dans la pièce suivante. Celle de droite porte une perruque d'un bleu plus clair que celle de gauche, peut-être pour évoquer les deux parties diurne et nocturne du périple solaire.
Les deux scènes sont surmontées d'une frise de khakérou qui ont ici leur aspect conventionnel, sans doute parce que les théologiens ont estimé que le rajout d'un symbole solaire à un niveau aussi profond ne s'imposait plus. Barres décoratives et hiéroglyphe du ciel soutenu par deux sceptres Ouas complètent le tableau.

La chambre funéraire est maintenant en vue. Nous allons la visiter en détail, ainsi que ses annexes.