Les tombes thébaines TT176 et TT177 sont présentées ensemble, car elles sont communicantes, même si deux siècles au moins les séparent. L'intérêt de cette présentation nous semble double : d'une part, faire connaître la petite tombe 176 d'Ouserhat qui vient de faire l'objet d'une publication par Bram Calcoen en collaboration avec Christiane Müller-Hazenbos, d'autre part présenter quelques images des rares scènes persistantes de la tombe 177 d'Amenemopet, qui n'a jamais été publiée.

Les deux tombes se trouvent à el-Khôkha () c'est-à-dire la zone située dans la fourche entre la route principale qui passe devant le Ramesseum et l'embranchement pour se rendre au temple d'Hatchepsout à Deir el-Bahari.
Du fait des bouleversements du terrain depuis l'antiquité, leurs entrées sont situées sous le niveau du gebel : il faut descendre un escalier pour aboutir dans une cour commune minuscule qui se trouve devant l'entrée de TT177 ; l'entrée de TT176 reste sous les gravats.
La sépulture la plus ancienne est la TT176, qui date de l'époque Amenhotep II - Thoutmosis IV (milieu de la XVIIIe dynastie, aux alentours de 1400 avant J.-C.) ; la TT 177, elle, est d'époque ramesside (XIXe dynastie, probablement Ramsès II).
Au XIXe siècle, une brèche a été réalisée dans le mur mitoyen entre les deux chapelles, mutilant au passage les décors, et l'ensemble fut converti en lieu de stockage (s'il avait servi d'habitation ou d'étable, des traces en témoigneraient).
Du fait de l'intercommunication des deux tombes, le Service des Antiquités n'a pas jugé utile de déblayer devant les deux entrées, l'entrée commune se faisant par la TT177 ( et ).
Il n'existe aucun rapport de fouille pour ces deux tombes. Dans son ouvrage, Bram Calcoen précise bien que son autorisation était valable pour copier, non pour fouiller, la TT176 uniquement.

La tombe d'Amenemopet, TT177

Amenemopet était un employé du Ramesseum, le Temple de Millions d'Années de Ramsès II, comme l'était Nakhtamon dont nous avons déjà présenté , mais ils occupaient des fonctions différentes. Notre Amenemopet était "Prêtre lecteur d'Amon dans le temple d'Ousermaatrê-Setepenrê" et "Vrai Scribe dans le temple d'Ousermaatrê-Setepenrê (qui est) dans le domaine d'Amon".
La tombe est petite (aucune mesure disponible) et a beaucoup souffert. Elle comporte une entrée donnant sur une salle longitudinale ; en face, légèrement décentrée, se trouve l'ouverture sur une petite pièce interne carrée tandis qu'à l'extrémité gauche de la salle une brèche mène à la tombe 176 à travers le mur mitoyen. Le décor, qui n'a jamais été achevé, ne subsiste que très ponctuellement sur les murs, beaucoup mieux sur le plafond.

Le plafond

Voûté, il est cloisonné par une grande bande longitudinale jaune doublée de blanc (il y en avait probablement deux autres parallèles sur les côtés) et par des lignes transversales passant alternativement sur et sous la grande bande. Ces bandes portent des textes en hiéroglyphes bleus, qui nous donnent les titres du défunt et des renseignements sur son père : il s'appelait Nebqed, et il était "Scribe du sceau divin dans le domaine d'Amon". Des caissons sont ainsi délimités, qui sont peints de motifs géométriques classiques.

Le passage d'entrée (PM 1)

Du côté droit, il porte, sur un fond jaune, une représentation du défunt et de son épouse (?) qui semblent sortir au jour, bras levés, en adoration devant le soleil levant. Toute la partie supérieure de la dame est perdue, seuls persistent sa grande robe blanche et deux pieds. Amenemopet est mieux conservé : crâne rasé, il porte une paire de bracelets et un grand collier sur la poitrine.

Aile droite, paroi ouest (PM 2)

Cette aile se trouve au sud géographique, mais au nord rituel. Rappelons que c'est par le décor que les Égyptiens compensaient les aléas d'orientation dépendant du terrain. On retrouve ici les maigres restes d'une déesse Maat ailée qui, bras déployés, protégeait une divinité assise sur un trône (probablement Osiris) ; elle est surmontée d'un oeil oudjat ().

Aile droite, paroi est (PM 4)

Le Porter et Moss mentionne une esquisse d'homme assis, probablement à un banquet. Nous n'en avons pas d'image.

Aile gauche, paroi est (PM 3)

Ici se trouve la représentation la plus intéressante et la mieux conservée de la chapelle : le défunt et des membres de sa famille se trouvent devant la vache Hathor qui sort de la montagne de l'ouest. Plus exactement il s'agit d'Hathor-Meretseger, comme le précise le texte. Meresger, qui est représentée le plus souvent comme un serpent, est la manifestation de la Cime thébaine, la patronne de la nécropole et est plus particulièrement révérée par les artisans du village de Deir el-Medineh en charge des tombes royales et princières. Il faut peut-être y voir un indice reliant Amenemopet à ces derniers, car elle est plus rarement mentionnée dans les tombes des fonctionnaires.

Le corps de l'animal, peint en une couleur dorée qui tire maintenant sur l'orange, sort à moitié de la montagne. La représentation n'est pas de grande qualité, à l'image de la couronne, formée d'un disque solaire et de deux rémiges droites. Elle porte autour du cou un collier menat (dont la partie antérieure aurait dû passer sur l'encolure). Devant elle se trouve un haut guéridon noir sur lequel repose un vase à libations. À côté nous trouvons Amenemopet qui offre de l'encens à l'aide d'un petit brasero portatif. On remarque l'importance que prend la représentation du vêtement, ici une ample tunique bouffante et un vaste devanteau, une caractéristique de l'art ramesside.
Derrière Amenemopet se trouvent deux femmes et trois hommes, mais hélas aucun nom n'est conservé ().

Les femmes sont elles aussi vêtues d'une robe en lin blanc, qui leur descend jusqu'aux chevilles ; leurs longues perruques tripartites ne comportent aucun détail. Sur la tête de la seconde femme se trouve un haut cône festif thébain ; peut-être faut-il voir l'esquisse d'une fleur de lotus dans le triangle qui se trouve devant le cône ?

Les trois hommes, représentés plus petits que les femmes, sont des prêtres, ce dont témoignent leurs crânes rasés et l'écharpe blanche qui leur barre la poitrine.

Ouverture vers la seconde salle (PM 5)

Elle se trouve dans la paroi qui fait face à l'entrée, légèrement décalée par rapport à celle-ci. L'image laisse deviner un fragment de la décoration du linteau montrant une scène double devant Osiris et un autre dieu, ainsi qu'un jambage portant les titres du défunt.