Ouserhat était un fonctionnaire de rang moyen-supérieur du milieu de la XVIIIème Dynastie. Sa tombe TT 56 se situe au bas de la colline de Gournah, siège correspondant à son statut social. La tombe a été ouverte au public pendant de nombreuses années, et l'est encore par intermittence actuellement. Sa forme et sa décoration sont classiques, mais d’une exécution remarquable, et le monument représente un des sommets de l’art funéraire de l'époque. Il le doit en particulier à deux scènes célèbres, celle des barbiers, et celle de la course en char, toutes deux reproduites dans de nombreux albums sur l'Égypte ancienne. Néanmoins, nous verrons que ce n'est pas le seul intérêt de cette tombe ; en effet, elle a été éxécutée à une période de transition pendant laquelle on commence à voir des modifications stylistiques par rapport à la tradition, qui se généraliseront ensuite progressivement.

HISTORIQUE DE LA TOMBE

Au début de la première moitié du XIXème siècle, la tombe d’Ouserhat n’est jamais mentionnée. Cependant, elle devait être accessible puisque Wilkinson, en 1827, a recopié quelques inscriptions. On retrouve également un graffito de visiteur "Eastnor, 1842", près de la scène des musiciennes ; Richard Lepsius a visité la TT 56 en 1843. Il rapporte que l’accès se faisait par une ouverture dans la paroi de la tombe TT 57. De son commentaire on retiendra la description de la scène royale de la galerie transversale (), et de la capture des oiseaux avec un filet basculant ().
L'ouverture de la TT56 n’eut lieu qu’en hiver 19O3-O4 par Robert Mond. On ignore si ce dernier a vidé les puits funéraires à ce moment.
En 1932-36, d’importantes restaurations furent nécessaires. Mond avait constaté qu’en raison de l’affaissement d’une tombe de proximité, sol et murs de la TT56 se tassaient. Une reprise et un rebouchage au béton ont ainsi sécurisé la tombe. Pourtant, aucun schéma, ni rapport de fouilles, ne furent publiés à cette époque.
En 1956, de nouvelles fissures entraînèrent une restauration et sécurisation de grande ampleur, qui fut menée par Labib Habachi. À partir de ce moment, certaines scènes comme la chasse (), le barbier (), sont souvent reproduites. Mais d’autres comme la scène royale, les obsèques, la nourrice, ne sont pas scientifiquement évaluées ni publiées.
Il faudra attendre 1986 pour qu'une publication complète soit réalisée par Christine Beinlich-Seeber et Abdel Ghaffar Schedid.

PROBLEMES DE DATATION

Le monument date de la XVIIIème Dynastie, mais il persiste un doute quant à sa datation précise. Des critères stylistiques et architecturaux évoquent le règne d'Amenhotep (Aménophis) II. Mond a signalé l'existence d'une brique estampillée au cartouche de Touthmosis IV. Les détails des bijoux, l'habillement, le caractère de scènes, la comparaison du décor avec les tombes thébaines TT 172 et 84, sont tous des arguments en faveur du caractère postérieur, plus achevé pour la tombe TT 56 par rapport à ces monuments.
Mais un comparatif avec la tombe de Tjanouni TT 74, de l'époque de Thoutmosis IV, est possible également (scènes militaires) ainsi qu'avec la tombe de Horemheb TT 78, qui porte des scènes très ressemblantes du point de vue du mouvement des corps et des attitudes, mais en plus perfectionné encore.
La conclusion de ces observations donne pour la tombe d'Ouserhat, la période correspondant à la fin du règne d'Amenhotep II, avec un probable débord sur celui de Thoutmosis IV.

SITUATION, TYPE, ET ORIENTATION DE LA TOMBE TT 56

La TT 56 se trouve dans la plaine, juste en bas de la colline de Sheikh Abd el Gourna. Cette situation reflète bien le statut social intermédiaire de Ouserhat, car les hauts dignitaires de l'époque se font enterrer plus haut sur la colline, au Nord-Est, avec vue sur Deir el Bahari. Ce n'est qu'ultérieurement, lorsque la place manquera, que les hauts personnages aussi utiliseront le bas de la colline. La tombe fait partie d’un groupe de monuments datant de la période qui s'étend d'Hatshepsout à Amenhotep II.
Ainsi, on trouve à proximité la tombe TT 123 d'Amenemhat, qui était Comptable du Grain sous Thoutmosis III (donc un prédécesseur d'Ouserhat dans sa charge), ainsi que la TT 224, appartenant au précepteur d’Amenhotep II, Ahmose - Hemi.
Le groupe des tombes est sous-jacent à celle de Khaemhat (TT 57) ; elle est aussi relativement proche de celle de Ramose (TT 55) ; ces deux dernières datent de la fin de la XVIIIème dynastie.

1) - Type de tombe

TT 56 présente la forme habituelle des tombes de la XVIIIème dynastie, consistant en une cour ouverte, puis deux salles (parfois avec des annexes, ici il n'y en a pas), réalisant une figure en forme de "T" inversé. Le caveau est accessible par un ou plusieurs puits.

2) - Orientation

Symboliquement la cour d’accès des tombes devrait être orientée vers l’Est (lever du soleil, cours du Nil, jour, vie), tandis que les pièces intérieures sont à l'Ouest (coucher du soleil, obscurité, royaume des morts). La TT 56, ainsi que le groupe des tombes auquel elle appartient, dévie de cet axe Est-Ouest de près de 2O° vers le Sud, en raison de la conformation de la colline sur laquelle elle s’appuie.
Cet "arrangement" avec la norme n’est pas rare, soit pour éviter des monuments existants – autre tombe, chemin processionnel vers Deir el Bahari, temple funéraire- ou simplement par manque de place.
Dans le cas de TT 56, trois hypothèses sont envisageables : 1-soit il existait préalablement, sur l'emplacement de la cour, un tombeau, mais dont la mauvaise qualité de la roche aurait interdit le réaménagement, et qui aurait donc été nivelé. 2-soit cet emplacement avait commencé à être aménagé pour Ouserhat, mais la qualité friable de la roche aurait amené le maître d’ouvrage à dévier le sens de la sépulture, tout en conservant une partie de la cour précédemment excavée. 3-La 3ème possibilité, moins vraisemblable, serait que la cour ait été aménagée postérieurement à la tombe.

ARCHITECTURE

Il faut toujours avoir à l'esprit qu'une tombe égyptienne est beaucoup plus qu'un lieu de dépôt d’une momie ; elle marque l’endroit où le défunt reste "joignable" pour le monde extérieur, où des personnes peuvent rendre le culte nécessaire à sa survie.
C'est pourquoi la tombe est conçue comme un habitat, avec une cour, une entrée, une chapelle publique accessibles, et une partie privée inaccessible, le caveau.

Plans de la tombe d’après Kampp : Die Thebanische Nekropole.
Toutes les mesures sont estimées d'après ces plans.

L'ensemble de la tombe, y compris la cour, a été évidé dans la masse rocheuse.
La cour est quasi rectangulaire, avec cependant des irrégularités dues à la roche, qui n'a parfois été que grossièrement taillée. Il est probable que l'accès initial se trouvait à l'Ouest, sous l'actuel escalier moderne de sept marches.
L’entrée de la tombe s'ouvre dans la paroi rocheuse du côté Sud-Est de la cour, légèrement décalée vers la droite ; elle est encadrée par des montants et linteaux qui sont sculptés dans la pierre.
On rencontre immédiatement deux marches taillées dans le rocher menant, 1m en dessous du niveau de la cour, à une pièce en travers (barre du "T"). Celle-ci comporte à ses deux extrémités des lieux de culte, représentés par une stèle et une fausse porte sur les petits murs. Ils sont directement en rapport avec deux puits funéraires, d’une section de 1 m2.
Au bout du couloir long, qui se trouve dans l'axe de l'entrée, se dressait un groupe statuaire de taille humaine taillé dans le roc, qui représentait le propriétaire et sa femme, et qui constituait un autre lieu où était rendu le culte.

ÉTAT DE LA TOMBE

Au contraire de la plupart des tombes de la XVIIIème dynastie, la TT56 est presque totalement décorée ; cependant, de nombreuses scènes ne sont pas achevées, et surtout les textes manquent en beaucoup d'endroit, ou encore les contours des signes sont présents, mais les hiéroglyphes n'ont pas été colorés. Les murs et plafonds sont achevés, sauf pour la partie finale du mur droit, où des esquisses sont encore apparentes.
La conservation des dessins et inscriptions peut être qualifiée de remarquable, les couleurs en particulier sont d'une fraîcheur exceptionnelle, en dehors du noir qui a mal résisté.
Les principales destructions se situent au niveau de la porte couloir principal / couloir transversal, et vers le mur du fond du couloir principal où les statues ont quasiment disparu. Des fissures dues à des tremblements de terre sont également visibles, et ont été consolidées.
Dans la partie transverse, au Sud-Est, une partie du mur du fond s’est effondrée, entraînant la perte de 1/3 des décors qui concernaient la partie haute de la scène de la fête de la vallée. Le mur du fond, près de la fausse porte est lui aussi atteint, mais la succession habituelle des scènes rend son interprétation possible.
Les statues représentant le propriétaire et son épouse sont presque détruites, ainsi qu’une partie des textes au pourtour.

Deux types d'actes de vandalisme, heureusement limités, sont visibles.

Les premiers martelages datent de l'époque amarnienne et ont affecté le nom du dieu Amon et de sa parèdre Mout, ainsi que les titres et noms dérivés. Le déterminatif d'Anubis est focalement touché aussi. Volontairement ou non, ces déprédations ciblées ont été faites de manière brouillonne et très incomplète : de nombreuses mentions d’Amon-Ra, d'Anubis, d'Osiris… subsistent, alors que par ailleurs des lignes entières non concernées ont été effacées. Le vandale ne savait probablement pas lire… Dans l’époque post-Amarnienne, une restauration partielle du nom d'Amon a intéressé des inscriptions, mais sur la porte d’entrée seulement.
La seconde vague de vandalisme est due au séjour dans la tombe de moines Coptes qui ont altéré quelques peintures et rajouté des croix et bestioles étranges.

GÉNÉRALITÉS SUR LA DÉCORATION

En ce milieu de XVIIIème Dynastie, La décoration d'une tombe civile consiste en un résumé biographique de la vie du défunt dans la partie transversale, et des scènes en rapport avec les funérailles et le passage dans l'au-delà dans le couloir perpendiculaire. Le caveau est inaccessible et il n'était pas décoré.

La dimension modeste de la tombe TT 56 permet d'embrasser d'un seul coup d'œil la répartition des scènes.
On est frappé, après s'être habitué à la semi-pénombre, par la qualité des décors, la pauvreté relative des textes, et par une nette prédominance de teintes roses et sables. Les plafonds colorés, pour une fois intacts, confortent la première impression d'un monument de qualité.

Un examen plus attentif montre curieusement des problèmes de symétrie (peut être intentionnels). Même les sévères compositions de la stèle et de la fausse porte comportent des déviations axiales. Une exception à cette règle se situe au début du couloir d'entrée, où les registres inférieurs sont dessinés en "miroir".
Toutes les parois (sauf le fond de la salle B) sont surmontées d'une frise de Khakérous, tandis que, en bas de tous les registres décorés, court un bandeau coloré les séparant du sol. Ici, il est formé de deux épaisses bandes rouge et jaune, cernées par une bande jaune plus petite.
Généralement, la hauteur des registres est minimale au bas des murs, et augmente au fur et à mesure que l'on s'élève.
Mais ces arrangements généraux, pour équilibrés qu'ils soient, ne sont pas rigides. L'artiste fait varier la répartition des éléments dans l'espace et utilise le chevauchement des lignes des registres, ce qui provoque un effet que nous nommerions aujourd'hui premier plan / plan éloigné / effet de perspective. Ainsi, la pénétration de la tête d'un personnage dans le registre supérieur fait passer cette scène au premier plan par rapport à l'autre. Le décor est aussi marqué par l'omniprésence du propriétaire dans quasiment toutes les scènes, provoquant souvent la rupture des lignes de registres correspondantes.
La clôture des scènes est souvent matérialisée par l'habituelle frise en échelle, formée de damiers colorés, qui sert de cadre aux tableaux.
Mais on remarque aussi l'utilisation de petits personnages ou d'animaux, dirigés en sens inverse du déroulement de la scène ; ou encore l'accumulation d'objets (offrandes), ou d'obstacles (fourrés de papyrus), voire du propriétaire de la tombe lui-même, pour clore la scène.

Nous avons déjà évoqué les problèmes d'orientation du monument. L’aménagement traditionnel rigoureux vers l’Ouest n’ayant pas pu être respecté, la décoration sera consciemment mise en place pour rétablir une orientation cultuelle et religieuse canonique "idéale".

Combien d'artisans ont travaillé dans la tombe ?

Le savoir-faire et le style exprimé dans les différents registres sont comme des signatures. Ainsi dans la TT 56, les travaux ont débuté sans esquisses, les grands contours des coloris ont été retouchés et amalgamés avec la couleur de fond, et chaque phase a progressivement corrigé et complété la précédente. Dans un tel processus, c'est forcément la même main qui décide quand et comment s'achève une scène. Le traitement des surfaces à la manière des tombes royales, par deux équipes droite et gauche, est ici inconcevable, en raison de l'exiguïté des lieux : cette tombe avec des couloirs de 1,80m de large, pouvait difficilement supporter plus de 6/7 personnes, peintres et manœuvres, avec leur matériel.
Christine Beinlich-Seeber ne pense pas que les peintures aient été réalisées sur des périodes successives. Pour elle, trois mains contemporaines sont reconnaissables.

Peintre A

Il a réalisé les scènes d'offrandes de part et d'autre de la porte d'entrée, les scènes de la fête de la vallée, et celles de la fausse porte. L'artiste fait preuve d'un grand classicisme, avec des détails minutieux, une technique complètement maîtrisées en ce qui concerne les contours, les objets et les registres.
Les proportions des personnages sont bonnes, épaules étroites, têtes fines. C'est un peintre de talent, imprégné du classicisme de l'époque de Thoutmosis III.

Peintre B

Dans les scènes de chasse, harponnage de poissons, chasse aux oiseaux, présentation des récoltes au roi et le registre inférieur de la fête de la vallée, on sent bien une autre main, plus libre, pesque spontanée, qui respecte peu la linéarité et les détails. Les contours sont moins raides, les formes plus arrondies, plus naturelles. Les personnages sont moins stylisés, les têtes et les épaules prennent du volume. C'est un artiste qui a le sens et le talent de mise en scène ; il recherche la continuité dans les tableaux, privilégie les tensions et télescopages des sujets.

Peintre C

Cet artisan, qui s'est occupé des scènes de l'enterrement, est le moins doué des trois. Les proportions de ses personnages ne sont pas toujours maîtrisées, avec de grosses têtes sur des corps minces, des visages grossiers et des mentons proéminents. Le cheval de la procession funéraire est particulièrement mal rendu. Dans les postures difficiles des pleureuses, les liaisons du cou et des épaules sont bizarres. Il ne s'agit probablement pas d'exécution hâtive ou négligée, mais plutôt d'un manque de maîtrise du dessin. Cependant, la scène de navigation vers Abydos est plutôt réussie. Ce serait le même homme qui, avec un aide, aurait peint les plafonds, les deux travaillant en sens inverse.

Quelques éléments iconographiques concernant l'habillement

Dans cette seconde moitié du XVème siècle av. J.-C., au milieu de la XVIIIème Dynastie, les artistes Égyptiens se libèrent progressivement des carcans trop stricts et archaïques, afin d'interpréter d'une nouvelle manière des thèmes qui, eux, restent immuables. Un maniérisme raffiné, contemporain d'une période stable de prospérité, va s'exprimer dans les poses des personnages, et leurs vêtements, donnant une impression de sensualité.
Voici quelques exemples des particularités de la tombe :

1/ habits et coiffure des dames

- Non emploi de la perruque tripartite dégageant l'oreille
- représentation de nouveau genre de coiffures : perruque à tresses tripartite couvrant l'oreille ; perruques en une pièce
- larges bandeaux frontaux, auxquels se fixent des fleurs de lotus sur le front
- cônes à parfums demi-sphériques
- habits fermés, allant jusqu'aux chevilles, l'ourlet touche le talon
- draperies et voilages amples
- bracelets aux bras et avant bras

2/ habits et coiffures des hommes

- perruques courtes, droites ou arrondies, dépassant le front
- perruques longues dépassant le front avec oreilles dégagées ou non (TT 56 est la seule tombe sous Amenhotep II à présenter cette singularité)
- représentation de la chemise étroite d'ancien style et de la chemise ample, transparente, qui n'existait pas au début du règne d'Amenhotep II.
- châle lisse, porté sans chemise, encore en usage sous Thoutmosis IV
- tabliers courts et longs ceinturons minces, en forme de coin, mais aussi ceinturons larges, non décorés, en usage seulement sous Thoutmosis IV, et dont les extrémités pendent mollement.

Ces critères de style aident à la datation de la tombe, et indiquent, eux aussi, le troisième tiers du règne d'Amenhotep II.

Les Textes

Les textes n'étaient pas le souci principal d'Ouserhat, qui leur préférait l'image. Un autre évènement explique aussi cette rareté relative : les colonnes destinées à les contenir sont souvent restées vides, en raison d'un arrêt prématuré du travail dans la tombe, probablement lié au décès d'Ouserhat. Ainsi, dans le couloir principal, le plafond et les encadrements des niches sont seuls inscrits. Le travail en relief levé est soigné, et les signes sont peints ().
Dans le couloir transversal par contre les scènes sont commentées. Deux types d’inscriptions sont présentes :

Les inscriptions concernant des scènes : titre et nom des figurants, titre de la scène, paroles prononcées comme offrandes et paroles rituelles.

Les inscriptions indépendantes : formules d’offrandes, et formules concernant Amon.

LE PERSONNAGE ET SA FAMILLE

Ouserhat

(litt : "Puissant (est) ce qui est devant", ou encore "La puissance est à l'avant") porte le même nom que la barque processionnelle du dieu Amon, gardée dans le temple de Karnak.
Ses titres - tels que la tombe nous les a transmis - sont de "Grand confident du Seigneur du Double Pays", "scribe royal", "supérieur des troupeaux d'Amon", "substitut du premier Héraut (Iamounedjeh) " ("idnw wHmw tpy iAmwnDH") .
Sa fonction la plus importante est "Comptable du Pain", plus précisément, "Scribe qui compte les pains pour la Haute et la Basse Égypte".
Cette fonction consistait probablement à vérifier les quantités de blé entrant et de les comparer au nombre de pains produits, et de s'assurer que les diverses pesées des mesures de grain soient correctes. En effet, il y avait plusieurs étapes entre la fourniture du grain brut et le produit fini ; il fallait notamment moudre le blé pour en faire de la farine. L'expérience avait sans doute appris que, pendant ces phases, du grain ou de la farine pouvaient disparaître… Dans ce cadre, l'approvisionnement de l'armée semble avoir été une de ses responsabilités principales. Les peintures de la tombe nous éclaireront plus sur ces fonctions.
Nous n'avons pas autres renseignements concernant Ouserhat que ceux figurant dans le monument. Aucune autre source ne parle de lui.
Ce fonctionnaire était de rang intermédiaire, mais descendait sans doute d'une bonne famille, car il avait été un enfant du Kep, l'école royale (). Il y avait certainement cotoyé les princes du royaume, et le futur Amenhotep II lui même. Il est probable que ce sont ses relations à la cour qui lui ont permis de faire intervenir des artisans remarquables pour réaliser sa tombe. Pour Christine Beinlich-Seeber, Ouserhat n'était qu'un obscur petit fonctionnaire qui n'aurait du sa tombe qu'à l'influence de sa fille auprès du souverain. Je ne partage pas ce point de vue.

Sa femme

C'était une certaine Moutneferet, un nom également directement en rapport avec le dieu Amon, puisqu'il s'agit de celui basé sur le nom de sa parèdre, Mout. Moutneferet portait le titre "ornement royal", qui correspondait sans doute à "dame d'honneur".

Les enfants

Deux filles sont mentionnées : Henout-neferet et Nebet-taouy
Henoutneferet a manifestement joui du meilleur statut social, puisqu'elle porte les titres de "Dame de la cour, aimée de son seigneur" ; "Appréciée par le Dieu Bon (=Pharaon) ". A l'achèvement de la tombe, elle n'était probablement pas mariée car elle ne porte pas le nom de "Maîtresse de maison". Il est probable, vu son milieu, qu'elle ait été élevée au milieu des princesses de la cour, et qu'elle s'y soit distinguée.
Le couple avait également un fils, qui était prêtre-ouab de Ptah, mais dont le nom n'est pas indiqué.

Durant le Nouvel Empire, il était d'usage que les épouses ou les mères des hautes personnalités remplissent le rôle de gouvernantes dans la maison royale et que les garçons de ces familles fussent élevés au palais avec les enfants royaux. Les garçons acquerraient ainsi le titre de "enfants du kep" ("Xrd n (y) kp") . Ouserhat est un des rares personnages de l'époque, avec son contemporain Amenemhab dit Mahou (TT 85) à avoir porté ce titre, grâce auquel leurs carrières futures au service du roi étaient assurées.