Salle transversale

Elle comporte deux ailes, et .

Mur sud-ouest

Ce mur se trouve immédiatement à gauche en entrant (). Il comporte deux registres ; celui du haut, entièrement consacré à Nebamon et à sa mère Tepou est environ deux fois plus haut que celui du bas où on retrouve Ipouky en compagnie de sa femme Henoutneferet.

Le registre supérieur

Il peut être divisé en deux parties : une scène d'offrande sur les 2/5e gauche et une scène dite du banquet sur les 3/5 droit.

A- La scène d'offrande

comporte deux parties superposées.

1) - Partie supérieure

Cette scène est la prolongation pour Nebamon des images de l'embrasure destinées à Ipouky. La comparaison de la photographie actuelle avec le plan de Davies et la magnifique aquarelle de sa femme Nina montre l'étendue du désastre engendré par le vandalisme mercantile ().
La vue de gauche vous montre la restauration virtuelle du couple (Nebamon à partir de l'aquarelle de Nina Davies, et la dame Tepou à partir ).

Nebamon porte ses plus beaux atours avec un pagne surmonté d'une jupette gaufrée et une tunique de lin blanc très fin sous laquelle apparaît sa poitrine rose pâle (). Il est coiffé d'une belle perruque bouclée (sans cône d'onguent). Autour de son cou s'étale un large collier composé de perles colorées allongées et sans doute de perles d'or. Des bracelets ornent ses poignets et ses bras. Il tient en main un grand vase bleu d'où s'écoule sur quatre braseros remplis de charbons incandescents de l'huile essentielle d'encens et de myrrhe sous forme d'une masse orangée (myrrhe) et marron (encens). Les braséros reposent sur une natte au sommet d'une paire de tables d'offrande (). On reconnaît la présence de paniers, de pièces de viande, d'un oiseau, d'une tête de bœuf renversée et de grappes de raisin. Entre les deux colonnes se dresse une salade disproportionnée.
Devant les tables se tenait un petit serviteur qui présentait un cône sur un plateau (graisse odoriférante à brûler?) et tenait dans l'autre main un bouquet de papyrus et un oiseau vivant par les ailes. Du temps de Davies on pouvait encore lire son nom dans un petit texte : "le sculpteur Nebnefer". Le personnage se trouve actuellement au musée de Hanovre (). Nous l'avons replacé dans la restauration ci-dessus.

Derrière Nebamon, représentée en taille réduite, se tient sa mère "la maîtresse de maison Tepou". Comme nous l'avons déjà dit, c'est toujours elle (et jamais Henoutneferet) qui accompagne Nebamon. Elle est vêtue d'une tunique à bords frangés descendant par-dessus sa jupe jusqu'aux chevilles. Cette tunique est représentée, de manière illogique, comme couvrant les deux épaules tout en laissant le sein nu, sans doute par convention, car la robe devait couvrir toute la poitrine. Elle est coiffée d'une perruque enveloppante (et non plus tripartite comme au début de la XVIIIe dynastie) ; l'artiste a bien représenté l'espèce d'accroche-cœur à la mode dans les perruques de l'époque. Un cône d'onguent (dont la réalité est douteuse, il pourrait s'agir d'une icône pour désigner le parfum) est posé sur la perruque qui est par ailleurs ceinte par un serre-tête floral. Tepou porte un large collier et des bracelets cloisonnés aux poignets ainsi qu'aux avant-bras. Sa main droite est levée en signe d'hommage, tandis que sa main gauche tient un des symboles hathoriques par excellence : le collier menat associé à son contrepoids.

Le texte au-dessus des deux personnages est le seul de la tombe a être inscrit en beaux hiéroglyphes multicolores (). Au sommet de la seconde colonne était nommé le dieu Amon-Horakhty (bien attesté à l'époque, comme chez Kherouef, TT192) ; le mot "Amon" a été effacé par les iconoclastes atoniens.
Il dit : "Verser de l'huile de myrrhe d'encens sur la flamme pour [Amon] - Horakhty ; pour Osiris - Khentyimentyou (qui-est-à-la-tête-des-Occidentaux) ; pour Anubis, le seigneur, à la tête de sa colline ; pour Hathor, maîtresse du temenos, pour la barque du soir ; pour la barque du matin ; pour leurs équipages et leurs rameurs ; pour Ra-qui-est-dans-son-disque ; pour la Grande Ennéade ; pour la Petite Ennéade ; pour les dieux de la nécropole ; pour les étoiles infatigables ; pour les étoiles impérissables. De la part du chef sculpteur du seigneur des Deux-Terres, l'enfant du kap, [Nebamon, Juste de Voix, et sa] mère, la maîtresse de maison Tepou".
On remarque l'intéressante épithète du dieu solaire Ra : qui-est-dans-son-disque, avec le disque, Aton, écrit ITn et non Itn (selon Manuel de Codage).

2) - Partie inférieure

Un boucher découpe la patte antérieure d'un bœuf reposant sur une natte. Deux hommes (en raison du manque de place, le premier est en partie masqué par le boucher, ce qui est très rare) s'avancent vers le couple du registre supérieur (voir le plan de Davies, nous n'avons pas de photo). Le premier porte un petit guéridon avec de la résine ainsi que des tiges de papyrus ; le texte devant lui est difficile à interpréter, mais il semble qu'il s'adresse à son camarade pour lui dire : "Fais un aller-retour derrière moi, chargé des pièces de choix (jr Sm mj m=sA=j r nA stp.w) ".
Un vandale a essayé, sans succès, de détacher le second personnage : on voit néanmoins les dégâts irrémédiables qu'il a infligés à la scène. L'homme - et rappelons que la plupart du temps ce ne sont pas des serviteurs comme on le lit trop souvent - porte un beau pagne gaufré, mais le discours qu'il tient est très difficile à comprendre, notamment en raison de lacunes ; il pourrait d'ailleurs s'agir de la suite de la phrase précédente : "Pour le ka de Neb[amon]. Veuille recevoir l’offrande de sur les bras […] qu’il a offert. Les portes ont été ouvertes pour que tu reçoives les morceaux de viande".

Séparée par une double colonne de hiéroglyphes, nous trouvons une petite scène très inhabituelle. Quatre hommes aveugles, regards tournés vers le ciel, battent des mains en psalmodiant un hymne. Qui sont-ils ? Nous n'en savons trop rien, mais Davies pense qu'ils sont attachés à un temple et qu'ils font office de chœur lors des enterrements (il en fait des mendiants - beggars - mais on ne voit pas pourquoi). Voici leur hymne : "Paroles dites. Adoration dans le ciel. Clameur dans la barque Sektet. Acclamations dans le Double-Pays pour [Amon] en [ses temples], en ses places saintes, sud, nord, ouest et est. Les portes du ciel sont ouvertes, les portes de qebeh sont ouvertes, un chemin est ouvert de la nécropole aux collines. Afin que [Nebamon]soit rafraichi, que l'offrande invocatoire lui soit donnée, que les rations divines lui soient versées, que des hymnes soient chantés pour lui dans la barque solaire tandis qu'il présente l'offrande invocatoire à [Amon, roi des dieux], à Ra, à son œil, à sa main, à son corps, ainsi qu'à Osiris-Khentymentiou. Afin qu'ils accordent leur faveur à l'enfant du [kap], Neb[amon]".

B- Le banquet

La photographie d'ensemble ci-contre montre l'état actuel dans lequel se trouve la paroi à cet endroit ; elle se passe de commentaires. Heureusement que nous disposons de la planche de Davies (). Nous avons replacé les morceaux que nous avons retrouvés.

Le couple Nebamon - Tepou

La scène est dominée par l'image de Nebamon (qui se trouve au musée du Louvre, ) en compagnie de sa mère Tepou, assis sur un siège à dossier qui repose sur une épaisse natte de roseaux. La représentation est très rigide dans son clacissisme, mais techniquement elle est parfaite.
Nebamon, portant la petite barbiche des vivants, était magnifiquement habillé, avec une tunique longue lui couvrant les épaules et descendant jusqu'aux chevilles. Le grand collier ainsi que les bracelets semblent très proches de ceux déjà décrits. Sa main gauche serre un bout de tissu replié, tandis que sa main droite empoigne un grand sceptre sekhem, élément plutôt incongru ici.

À côté de lui, et nettement plus petite, se tient la dame Tepou (voir à droite, image Mekhitarian, 1955 ; le fragment, qui était exposé à l'Antikenmuseum de Bâle, se trouve aujourd'hui dans une collection privée). Sa tunique à frange est d'un jaune mordoré et, selon la mode de l'époque, un des plis est coincé dans la saignée du coude. Le collier et les bracelets de poignet et d'avant-bras sont faits de perles colorées et probablement d'or. Sa perruque est ornée au niveau de la tempe d'un petit frisottis. Comme Nebamon, elle porte un cône d'onguent sur la tête. Sa main gauche est posée sur l'épaule de son fils et la droite repose sur sa cuisse, dans un geste de protection enveloppante.
À ses pieds, beaucoup plus petite, est assise "sa fille, Mouneferet" ; il s'agit d'une fille de Tepou, donc d'une sœur de Nebamon. Nous ignorons où se trouve ce fragment.

Le texte qui surmonte les deux personnages est dit par (et pour) Nebamon : "Être assis pour faire selon son cœur un jour heureux dans cette sienne maison de l'occident dans le pavillon divin d'Hathor, maîtresse de la nécropole. Qu'elle accorde la sortie pour venir sur terre, dans la cour de la tombe, afin que tu puisses voir le soleil à son lever et écouter le bruit du bétail qui meugle. Pour le Ka du graveur en chef du seigneur des Deux-Terres, le supérieur des mystères (ou secrets) dans Hrj-hr-mrw, Nebamon, Juste de Voix (et) sa mère, la maîtresse de maison Tepou". Nebamon était donc déjà mort, mais pas sa mère, pas plus que sa sœur Henoutneferet.

Henoutneferet

Elle se tient devant le couple ( et ). Elle est parée comme sa mère, sauf en ce qui concerne la perruque qui est moins massive, séparée en tresses. Sa main gauche ballante tient un récipient jaune, tandis que la droite tend vers Nebamon une coupe d'or, en disant : "Prends la boisson, fais un jour heureux dans ta maison d'éternité. (Donné) par la main de sa sœur Henoutneferet". Au-dessus d'elle se trouve un texte abimé : "Pour ton Ka, des cadeaux : tes vêtements blancs, de l'huile fine pour tes bras, des parures autour de ton cou […]".

À côté du siège de Nebamon se tenait un chien du nom de "Bon gardien" qui avait déjà disparu du temps de Davies, mais dont on voit l'arrière-train et la queue.

Les hôtes du banquet

Ils occupent trois petits registres derrière Henoutneferet. En haut, un couple a la place d'honneur, tandis qu'en dessous les hommes et les femmes, chacun sur un rang, restent anonymes : les colonnes n'ont jamais été remplies. Plus que d'une négligence, il s'agit probablement d'une volonté délibérée : ainsi, chacune des familles pouvait mettre qui elle voulait dans cette scène importante.

Le couple du haut

( et )

Le fragment manquant se trouve au Musée de Hanovre ().
La scène est presque archaïsante, si on en juge par la table d'offrande garnie de miches de pain verticales. Elle n'aurait pas détonné à l'Ancien Empire, pas plus que la couleur franchement jaune de la peau de la femme, contrastant avec celle rouge ocre du mari. Il s'agit du "[…] favori de […], […] de la déesse Iounef (?), […] Juste de Voix auprès du grand dieu ; […] la [maîtresse] de maison qui est dans l'état de pensionnée (bienheureuse) [Mout]emouia, Juste de Voix " (Polz). Rien ne permet d'identitifier l'homme. En main, celui-ci tient fièrement son nécessaire de scribe. La femme entoure ses épaules de ses bras. Elle est assise sur un tabouret incrusté d'ivoire. Devant eux, une jeune fille consacre les offrandes et tient en main un collier menat et un bouquet. Là encore, le nom ayant totalement disparu, rien de permet, comme le suppose Davies, d'y voir Henoutneferet. Pour tout dire, l'état de la paroi ne permet pas de dire à qui on n’a affaire ni qui est cette dame Moutemouia.

Le registre des hommes

()

Il comporte sept personnages dont quatre ont le crâne rasé. Ceux qui portent des perruques tiennent aussi un sceptre en main. La pose inhabituelle du premier personnage mérite d'être soulignée. Assis sur un beau pliant à jambes bleues, il semble se laisser aller, sa jambe droite est demi-pliée et ses mains sont ballantes sur ses genoux. Deux jeunes filles (habillées) s'occupent de lui : l'une lui fixe un collier autour du cou, l'autre l'oint d'onguent et lui présente une coupe. Son anonymat permet aux visiteurs de l'identifier à n'importe lequel des défunts de la tombe.

Le registre des femmes

()

Il a été découpé et se trouve au musée Atkins de Kansas City : Stacy Davidson nous en a aimablement adressé des photo (voir à gauche et ) ; Nina Davies en avait fait une aquarelle. Cinq femmes sont assises sur des chaises garnies de coussins, tandis que deux très jeunes filles (nues cette fois) s'occupent d'elles. L'une prend de la graisse parfumée dans un bol et l'applique sur leurs perruques, l'autre (toujours en place) verse dans la coupe d'une des convives un liquide venant d'une petite fiole, certainement un psychotrope. Nous avons également perdu le chat jaune qui se trouvait sous un des sièges, et dont Davies dit qu'il est "un des plus beaux et des plus délicatement exécuté de toutes les tombes thébaines".

Le registre inférieur

Les 3/5ème droits sont alloués cette fois à Ipouky.
Il s'agit ici d'une autre scène de nature funéraire, tout comme le banquet ci-dessus. Elle fait également partie des scènes qui ont disparu. À l'extrême droite se trouvaient trois personnes, seul Ipouky a été partiellement préservé (). Il est presque calqué sur Nebamon - sauf qu'il ne porte pas la petite barbiche. Il est désigné comme "Juste de Voix", ce qui signifie qu'il était mort au moment où cette scène a été peinte. Sa compagne était cette fois clairement désignée dans le texte sus-jacent comme "sa sœur, la maîtresse de maison, qu'il aime, qui est est dans son cœur, Henoutneferet".
Une jeune fille, nue en dehors de quelques bijoux, se tient debout aux côtés du couple : "sa fille, son aimée, Tiy". Il s'agit de la fille de Henoutneferet, aucun lien de parenté avec Ipouky n'est mentionné.

Devant le trio se dresse une table d'offrande très classique sur laquelle sont posées des miches de pain (en orange) et, au-dessus, des légumes et des fleurs de lotus. La légende sus-jacente est une classique formule d'offrande de type hotep-di-nesou "pour le ka de l'osiris Ipouky". Une cruche de bière se trouve au pied de la table.
Le premier personnage a été martelé par les zélateurs d'Akhenaton : il s'agissait d'un prêtre-sem qui portait sans doute une peau de panthère, bannie par la religion du disque, pour des raisons qui restent peu claires ; en principe ce rôle très important pour le défunt est rempli par son fils qui joue le rôle d'Horus pour son père défunt Osiris (plus de détails dans la tombe ). Les deux figures suivantes ont été découpées pour la revente (le fragment se trouve actuellement au Canada, au Royal Ontario Museum de Toronto - merci à Gayle Gibson pour l'information).
Le premier personnage portait un grand bouquet formé de lotus et de papyrus (dont on voit l'extrémité d'un très beau bleu), et il est identifié comme "son fils, sculpteur dans la Place [(Sacrée ?)…]". Le suivant présentait d'une main un pot d'onguent et tenait de l'autre un bouquet monté ; au-dessus de lui, on lit "[…] Osiris, portier dans de la double grande maison (de pharaon), vie, santé, force, serviteur de la déesse [Amen]hotep, Juste de Voix, fils du contrôleur Hat."
Viennent ensuite deux femmes (image ci-contre), parées comme toutes celles que nous avons vues, et portant un cône d'onguent sur la tête (les hommes n'en avaient pas). La première porte d'une main un panier rempli de raisin, et tenait dans l'autre un bouquet aujourd'hui disparu. Il s'agit de "sa sœur, la maîtresse de maison Moutemouia, Juste de Voix près du grand dieu (= Osiris) maître de l'occident". La seconde tient d'une main une cassolette où brûlent des résines aromatiques (dont la flamme se dirige vers le trio) et de l'autre elle tient une longue chandelle (?). Elle est identifiée comme "sa fille Moutneferet […] Juste de Voix".