LA SALLE TRANSVERSALE

Elle est composée de deux ailes sud (gauche) et nord (droite), perpendiculaires à une zone centrale qui suit l'axe longitudinal principal du monument. Ainsi le (s) décorateur disposait de six parois pour disposer, en registres et sous-registres, les scènes en rapport avec les activités terrestres de Menna. Le décor de la salle transversale a beaucoup souffert, en grande partie à cause des visiteurs qui, durant des siècles, y ont pénétré sans contrôle.
Comme le montre le , la pièce n'est pas bien symétrique : elle est plus large à l'extrémité nord, où son plafond est également plus haut. Par contre, l'aile sud est plus grande que l'aile nord.
Le plafond a complètement disparu dans l'aile nord, tandis qu'il en persiste une grande surface à l'extrémité sud de l'aile sud. Seules des traces subsistent dans la partie centrale.

AILE SUD

Elle comporte deux murs longs (est et ouest) de 4,3m et un mur de fond (sud) de 1,75m. La hauteur est de 2m environ.

Mur Est

( et )

En haut de la paroi, on trouve sous la bande de rectangles colorés, une frise composite () formée d'un motif végétal doublé, en haut et en bas, par des motifs géométriques qui, en bas, consistent en simples sphères rouges.
Le décor est consacré, sur quatre registres, aux travaux des champs. À l'extrémité gauche, les registres se réduisent à deux, occupés par Menna.
Nous devons, pour respecter un ordre logique (chronologique) à nos yeux, commencer la description par les registres inférieurs.

1) - Registres inférieurs

A- Extrémité gauche : Menna et ses filles

Ce qui persiste de Menna est assis devant ses trois filles, et on remarque immédiatement que la troisième est beaucoup plus petite que ses sœurs, qui portent sur la tête un attirail spectaculaire ! Menna est entouré d'un texte, incomplet en raison des dommages : "Justifier le cœur en contemplant l'allégresse dans ta salle de triomphe, toi qui satisfais […] excellemment de son seigneur, le favori du dieu bon (= le roi), le scribe, le superviseur des labours […] Menna".

Les trois filles sont d'une exceptionnelle qualité artistique, mais ont beaucoup souffert durant le siècle dernier ().
Un texte très abimé les identifie :

la première est "sa fille, qu'il aime, la favorite d'Hathor, l'ornement royal, celle que son seigneur (= le roi) aime, […] Henout".

La seconde est "sa fille, qu'il aime, la favorite [d'Hathor… Ne]hemet, juste de voix" ; comme signalé page 1, cette dernière épithète signifie théoriquement qu'elle était déjà morte.

et enfin la troisième est "sa fille, qu'il aime, Kasi".

Elles sont vêtues d'une robe plissée transparente et portent de grands colliers sur la poitrine, des bracelets aux poignets, des armilles aux bras et des boucles d'oreilles. Chacune est coiffée d'une perruque noire plus longue pour la première que pour les deux autres, entourée par un larges serre-tête multicolore, noué à l'arrière par des rubans rouges plissés qui retombent dans le dos. Au-dessus de la perruque, la première et la seconde fille portent un mortier cylindrique, différent dans les deux cas, joliment ouvragé, avec deux hautes rémiges dorées dressées à l'avant ( et ). Chacune des deux porte également au front une tête de gazelle dorée, à cornes noires, et deux boutons de lotus.
Leur petite sœur doit se contenter d'un cône d'onguent sur la perruque, cône dont la présence effective est douteuse et qui symbolise vraisemblablement les parfums et onguents.
La volonté manifeste de rendre les deux filles ainées (sans doute pubères) attirantes est complétée par un symbole hathorique : chacune tient dans sa main droite le sistre de la déesse de l'amour ; la petite fille, elle, tenait des fleurs qui ont quasiment disparu.
Cette première scène n'a rien à voir avec le reste du contexte agricole : il s'agit d'une scène destinée à assurer la régénération du défunt en stimulant son désir sexuel, afin de l'inciter à renaître de ses propres œuvres. Elle aurait donc dû se trouver ailleurs, et elle constitue une exception au principe énoncé (page 1) de répartition des scènes conformément à la position théologique des parois.

À droite de Menna et de ses filles, le registre se divise en deux sous-registres superposés.

B- Sous-registre inférieur : labours et semailles

À gauche, deux attelages s'avancent, formés chacun d'une paire de bœufs attelée à un araire primitif (nous n'avons pas de photo couleur ; le mieux est de ce reporter à ce ). Derrière chaque araire, un homme pèse sur le bois pour approfondir le sillon, en même temps qu'il stimule les animaux à l'aide d'une baguette, tandis que sur le côté se trouve un semeur. À l'arrière, un garçon amène de nouvelles semences dans un panier, prises dans les deux tas (symboliques) au-dessus de lui.

Plus à droite, ce sous-registre inférieur se subdivise encore en deux sous-sous-registres qui contiennent des activités agricoles disparates, certaines précédant, d'autres suivant les semailles. Les hommes sont uniformément vêtus d'un simple pagne blanc.

Sous-sous-registre inférieur ()
Sur la gauche, cinq hommes sont en train de piocher le limon meuble laissé par l'inondation à l'aide de houes en bois, tandis que s'approchent des bœufs tirant un araire. Entre les cinq personnages, on devine encore un homme assis sous un arbre, en train de se reposer. Un peu plus loin sur la droite, une femme est assise avec, devant elle, un panier de fruits ; elle en porte un à sa bouche. Au-dessus d'elles se trouvent deux jarres et un coffre destinés aux paysans : sans doute est-elle chargée de leur distribuer les denrées.
Complètement à droite, encore une fois sous un arbre, un surveillant, vêtu d'un pagne plus élaboré, se repose sur son bâton de fonction. Devant lui, deux hommes et deux femmes, la poitrine nue travaillent dans un champ de lin. L'une des femmes semble mesurer la hauteur des ombelles (pour mémoire, le lin se cueille par arrachage à des moments différents selon l'usage qu'on veut en faire).

Sous-sous-registre supérieur ()
Deux arbres, qui délimitent le terrain, sont visibles à gauche. Quatre hommes défrichent la surface à l'aide de houes, tandis qu'un araire trainé par deux bœufs se dirige vers eux ; derrière le paysan qui les conduit, un autre sème.
Séparée du groupe précédent par un arbre se trouve une des scènes célèbres de la tombe () : deux jeunes filles vêtues d'une longue robe transparente sont assises face à face et celle de droite enlève une épine du pied gauche de sa compagne qui soutient son genou d'une main. Entre les deux se trouve, en hauteur, un grand sac.
À l'extrémité droite trois hommes sont en train de peigner des tiges de lin afin d'en extraire les graines, qui forment un tas sous leurs peignes de bois (). Devant eux se trouvent des bottes de plantes en attente de peignage.

C- Sous-registre supérieur : les moissons

À gauche, Menna est assis sous un kiosque, à l'ombre d'un arbre, sur un siège pliant, et contemple la scène ; il tient d'une main sa canne de fonction et de l'autre une pièce de tissu repliée ().
Devant lui se trouve un serviteur légèrement penché vers l'avant, qui agrippe une des colonnettes du kiosque. L'arbre est chargé de fruits et, au pied, se trouvent deux grands coffres.
De l'autre côté de l'arbre se tient un scribe, sa palette dans la main gauche : c'est manifestement lui qui donne les ordres pour que les travaux se déroulent convenablement.

La moisson
Huit hommes sont penchés, faucilles en mains, pour couper les tiges de blé (). La coupe se fait très haut, laissant une grande quantité de chaume qui servira d'aliment au bétail. Le troisième personnage à gauche, redressé, est en train de boire ; en face de lui se tient une femme, probablement celle qui vient de lui apporter l'outre d'eau. Au milieu des hommes un garçonnet vêtu en tout et pour tout d'une ceinture est penché vers l'avant, mais on ne peut plus savoir ce qu'il portait.

Au-dessus des moissonneurs, six arbres ont été représentés à une échelle plus petite, peut-être pour essayer de rendre, par un effet de perspective, l'éloignement de la bordure du champ ? Sur les deux de gauche, on voit des nids et des œufs, tandis qu'un oiseau s'envole (). Au pied du troisième, des branches duquel pendent des gousses (caroube ou acacia), une femme est assise sur un tabouret (). De son bras gauche, elle soutient un enfant - qui lui tire les cheveux -maintenu contre sa poitrine par une large bande de tissu enroulée. Sa main droite repose sur un gros tas de fruits dans un panier.

Le transport de la moisson

À droite des moissonneurs, quatre hommes transportent deux grands paniers pleins d'épis, suspendus à de longs bâtons qui reposent sur leurs épaules. Leurs pagnes sont très particuliers, avec un aspect de motifs en plumes (rappelant les cercueils Rishi) et un petit devanteau dont l'extrémité inférieure est bouffante. Ils se dirigent vers l'aire de foulage, qui se trouve sur leur droite. Entre les deux séries de porteurs se tient une jeune personne, probablement une fille, qui porte un petit vase contre sa poitrine et tourne la tête vers la gauche ; elle porte une jupe et ses cheveux sont protégés par un cache-poussière.
Sous un des paniers, un petit garçon nu ramasse les épis tombés à terre. Sous l'autre se trouve une autre scène célèbre : deux jeunes filles, qui ressemblent à celles de la scène de l'épine dans le pied, sont en train de se crêper le chignon (). Le panier et petit tas d'épis à leurs pieds ne laissent aucun doute sur le sujet de leur différent : il s'agit de glaneuses qui se disputent les épis tombés à terre.

• Fin de la moisson

On retrouve un arbre qui sert d'espace de séparation entre deux groupes de scènes. À une de ses branches pend une outre en peau. Au pied, deux hommes sont assis sur des tabourets bas. L'un, la tête entre les mains, semble dormir, l'autre joue d'une longue flûte droite ().
La dernière scène sur la droite a été manifestement tassée dans l'espace résiduel, trop étroit (). Deux hommes ramènent vers le centre, à l'aide de longues fourches, les épis qui seront piétinés par un troupeau afin de séparer le grain de la balle. Ils sont surveillés par un homme qui n'est plus tout jeune : front dégarni et légèrement bedonnant, avec peut-être une infirmité, il s'appuie sur son bâton, une jambe partiellement levée.

2) - Registre supérieur

Menna est assis à gauche devant deux registres consacrés aux récoltes et à leur contrôle, ainsi qu'aux déplacements qu'impliquent sa fonction.

A- Extrémité gauche

Nous retrouvons Menna assis sur un siège pliant joliment ouvragé et recouvert d'une peau d'animal, tenant sa canne d'une main, et un morceau de tissu plié dans l'autre. Le siège et les pieds du défunt reposent sur une natte. Le texte d'accompagnement proclame : "Se réjouir du travail des champs, par le grand confident du seigneur du Double Pays, dans [son] souhait […]les yeux du roi dans toutes ses places, le superviseur du domaine [d'Amon, Men]na, juste de voix devant le grand dieu". Son visage et certaines parties du texte ont été détruits. Il est vêtu comme à l'accoutumée, avec une grande ceinture de lin blanc dont les pans flottent sur les côtés. Il porte un collier ousekh et des bracelets.

B- Sous-registre inférieur

Il peut être divisé en trois parties : les offrandes, le dépiquage et le vannage, l'enregistrement.

Les offrandes (ou plutôt les cadeaux)
Elles sont présentées par un groupe de sept fonctionnaires, sans doute les responsables locaux, respectueusement inclinés. Ils sont vêtus d'une tunique transparente (ce qu'indique la couleur rose) et d'un pagne, et portent une petite perruque.

Les offrandes () sont superposées, mais il faut bien sûr comprendre qu'elles sont disposées côte à côte. Elles consistent en (de bas en haut) : quatre paniers de fruits sur lesquels sont posés quatre concombres, cinq petits vases - dont trois entourés d'une résille -, un plateau contenant un gros tas de fruits dont la couleur s'est perdue, trois bottes de végétaux et enfin des oiseaux (cailles ? canards et un troisième groupe jaune) ; les oiseaux sont vivants : les yeux sont ouverts, de même que le bec d'un canard.

Derrière les fonctionnaires, un palefrenier tient les deux paires de rênes des deux chevaux attelés au char avec lequel Menna est arrivé. Le char, objet réservé à la noblesse, est un outil de prestige considérable pour le fonctionnaire.
Les Égyptiens n'ont jamais su représenter correctement le cheval, un animal récemment introduit dans le pays, et cette scène ne fait pas exception. Le premier cheval (le second est quasiment invisible) a une robe blanche tachetée de rouge. Il est très raide, avec une disproportion manifeste de la tête et de l'arrière-train. Le harnais lui serre l'encolure et passe sous le poitrail, juste derrière les pattes avant. Le char a une caisse rouge, dont le bas est décoré en bleu et blanc, avec un carquois pour un arc ou des javelines. La roue est rendue avec quelques détails.

Dépiquage et vannage du grain

Encore une fois, Menna se tient sur la gauche, debout cette fois, sous un petit édifice construit en roseaux, dont le toit est supporté par des colonnettes lotiformes bleues. Pieds nus, jambe gauche en avant, il tient encore sa canne et le tissu replié. Il est revêtu d'une longue tunique transparente à manches courtes, passée par-dessus son pagne. Il n'a aucun bijou. Devant lui, un serviteur penché tient deux vases contenant des rafraichissements dans des filets en résille ; on remarquera le rendu de ses cheveux naturels, en piques noires sur l'avant, en mèches grises sur l'arrière du crâne et son ventre par-dessus son pagne : il doit s'agir d'un homme d'un certain âge.

Il faut maintenant nous transporter complètement à droite pour voir la scène de dépiquage sur l'aire où les épis sont accumulés en tas. Deux couples de bœufs, sous la direction d'un bouvier, sont en train de tourner dans l'aire, piétinant les épis que deux aides, perchés sur les tas, envoient à l'aide de fourches en bois sous les sabots des ruminants. On notera que deux des paysans portent un cache-poussière blanc sur la tête. Celui qui est tête nue semble plus s'intéresser à ce qui se passe ailleurs qu'à son travail.

À gauche, se trouve la scène de vannage (). Neuf paysans y participent, chacun vêtu d'un pagne blanc et portant un cache-poussière blanc sur la tête. Les hommes qui se trouvent à l'extérieur ramassent le mélange grain - balle à l'aide d'écuelles et le lancent en l'air : le grain, plus lourd, retombe au centre où les autres travailleurs, munis de petits balais, le collectent. Remarquer la paire d'écuelles posée sur le tas de gauche.

L'enregistrement du grain

Cette scène qui conclut l'activité se trouve sur la gauche. Le grain est écopé par des paysans qui vont l'ensiler, sous le contrôle d'un nombre incroyable de scribes debout, accroupis, ou même perchés sur le tas de grains. Ils sont habillés comme Menna sous son kiosque. On devine à la vue de cette scène toute la pesanteur de l'administration égyptienne et son caractère tatillon. Le coffre au-dessus de la scène doit servir à ranger le matériel de scribe, car il ne s'agit pas d'un coffre à grains.

C- Sous-registre supérieur

Comme celui du bas, il est divisé en trois : offrandes, scène d'arpentage, récompense et punition, complété une nouvelle fois par l'image de Menna assis.

Les offrandes
Elles forment trois piles superposées.
Celle du haut est constituée de trois tables basses qui reposent sur une ligne de sol. Leur partie inférieure est décorée de branches de dattes. Au-dessus sont posés des paniers cloisonnés contenant diverses catégories de fruits (raisins, dattes ou figues).

La pile médiane comporte deux oisillons piaillant dans un nid, surplombés par deux œufs, également dans un nid, au contact duquel se trouvent deux concombres. Des plats triangulaires sont revêtus d'un couvercle pointu (on ne comprend pas bien cette image) ; au-dessus (mais il faut peut-être comprendre dedans ?) sont représentés deux poissons sur une natte, et pas n'importe lesquels : il s'agit d'un Lates et d'un Tilapia qui, outre leurs qualités nutritives, jouent un rôle symbolique, comme nous le reverrons en examinant la scène de chasse au harpon dans les marais.
Enfin, la pile du bas comporte trois vases longs et trois paniers : l'un contient des raisins (à droite), les deux autres, des dattes ou des figues.
À droite de ces offrandes, un serviteur "flaire la terre" devant le maître ; il ne semble pas vraiment faire partie de la scène. Par manque de place, sa représentation empiète sur les deux scribes de la scène suivante.

Scène d'arpentage
Elle est très célèbre et figure dans de nombreux ouvrages parlant des géomètres. Elle occupe une large partie centrale du registre. Il s'agit, d'une part de reconnaître les bornes de chaque champ, d'autre part de déterminer la portion de la récolte qui appartient au domaine d'Amon et qui va être prélevée au titre des taxes. Une nouvelle fois trois arbres (avec de nombreux œufs dans des nids, et un oiseau) surplombent la scène, dans l'espoir - vain - de donner une ébauche de perspective. L'artiste a aussi essayé de varier la représentation du champ : certains épis sont plus grands que d'autres, ou sont courbés ; des mauvaises herbes vertes sont visibles.

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Les arrivants
Il n'y a pas moins de cinq scribes pour accompagner les arpenteurs. Ils portent tous un pagne tripartite recouvert d'une sorte de tablier bouffant, et une ample chemisette translucide et tiennent en main leur palette. Ceux de l'arrière tiennent en plus la haute canne qui symbolise leur autorité et sans doute leur rang supérieur. Tous sauf un ont subi des dommages volontaires.
Deux assistants procèdent à la mesure proprement dite à l'aide d'une longue corde ; tous deux transportent par ailleurs de la corde de réserve. Ils sont seulement vêtus d'un pagne et leur tête est rose et lisse : soit ils sont rasés, soit ils portent une calotte. Deux adolescents accompagnent les arpenteurs, celui qui se trouve le plus à gauche transporte le matériel d'un scribe.
Le personnage qui se tient derrière le premier arpenteur pose un problème () : il s'agit d'un homme d'un certain âge, un peu plus petit que les autres, simplement vêtu d'un pagne. Il est désigné dans tous les ouvrages comme "un aveugle", parce qu'il pose sa main sur la tête d'un petit garçon nu qui semble le guider. Cette interprétation est sujette à caution : son œil, bien qu'abimé, est représenté ouvert, avec sa pupille, ce qui n'est pas le cas des harpistes aveugles qu'on voit psalmodier des hymnes dans certaines tombes ; de plus, on voit mal un aveugle aider les inspecteurs à retrouver les bornes des champs. Il pourrait donc s'agir d'un ancien, non aveugle, sa main droite posée sur l'épaule secourable d'un enfant qui l'aide à marcher. Autre énigme posée par ce personnage : il tient en main un spectre ouas, en principe un indice de pouvoir.

Le comité d'accueil
En face, nous trouvons sur le côté droit un homme et sa femme, qui accueillent les nouveaux venus en leur offrant des présents (). Il s'agit sans doute du responsable du champ (pas nécessairement propriétaire, puisque le champ est censé faire partie du domaine d'Amon). L'homme porte le même pagne que "l'aveugle". Dans un petit panier, il apporte un pain conique blanc ; dans l'autre main, il tient un objet formé d'épis tressés, en rapport avec la déesse Renenoutet et les moissons (on en trouve encore de nos jours en Haute Égypte). La femme, simplement vêtue d'une robe blanche collante, à une bretelle, et d'une perruque, tend un bol dont le contenu est indéfinissable, tandis que, de son autre main, elle stabilise le panier d'osier posé sur sa tête, dont le contenu est, là aussi, un mystère. On notera le manque de soin de la représentation qui ne comporte aucun détail.
Derrière le couple se trouvait un âne, qui a été si soigneusement martelé qu'on reconnaît sa silhouette (). Il était guidé par un petit garçon qui tient une baguette dans sa main droite, tandis que la gauche, repliée, soutient un petit faon.

La scène amène à se poser deux questions :

Sommes-nous en présence d'une famille qui amène des cadeaux de bienvenue aux arpenteurs et, dans ce cas, faut t-il la considérer comme une tentative de corruption ou comme une coutume normale ? On ne peut pas répondre.

D'autre part, pourquoi l'âne a t'il subi une telle vindicte ? Sans se tromper, on peut affirmer que c'est la relation qui existe entre l'animal et le dieu Seth dont il est une hypostase. Il y a de grandes chances que ce martelage ait été réalisé après l'époque ramesside, lorsque grandit la détestation de Seth, qui n'apparaît plus que comme le meurtrier d'Osiris.

Au dessus de la scène on retrouve trois arbres qui marquent encore une fois la limite lointaine du champ, essayant ainsi de créer une perspective et l'idée d'une grande surface (). Le vert des feuilles a quasiment disparu, mais on devine encore les nids et un oiseau est perché sur une branche.

Menna sur le départ, devant les responsables locaux

Menna, désigné comme "Scribe des domaines du seigneur du Double Pays du sud et du nord" est debout sous un édifice léger et tient deux instruments symboliques en main : la canne, qui témoigne de sa fonction, et le sceptre Kherep qui atteste de son pouvoir. Devant lui se trouvent deux sous-registres.

Sur celui du haut, quatre notables s'avancent, reconnaissables à leurs habits. Tous sont courbés, et le premier encore plus que les autres. Devant celui-ci se tient un serviteur : il puise dans la coupe d'albâtreà ses pieds un parfum ou un onguent dont il l'enduit. On remarquera que le haut des tuniques des notables est jaune, ce qu'on retrouvera fréquemment plus tard, dans lestombes ramessides ; cette couleur serait soit-disant due à la graisse parfumée qui coule des cônes d'onguent posés sur la tête des invités. Ici, chez Menna, il s'agit très probablement d'une métaphore pour expliquer que les responsables, dont Menna est satisfait, sont enduits du parfum qui se trouve dans le vase.

Sur le sous-registre du bas, au contraire, on montre ce qui arrive aux paysans qui ont tenté de frauder : la bastonnade !

À l'extrême droite, et finissant le registre, se trouve le bateau de Menna amarré au rivage, flottant sur une surface bleue. Il attend le retour du maître. Il va être chargé par les marchandises représentées dans un petit sous-registre.
Le bateau comporte un grand aviron de gouverne à la poupe, et une petite cabine à la proue, à côté de laquelle un homme monte la garde, un fouet à la main. La cabine centrale est entourée de tentures. Au-dessus d'elle sont représentés trois coffres en bois, jaunes et blancs, contenant sans doute les archives : les ronds doivent correspondre à des rouleaux de papyrus. Sur les coffres sont posés des objets verts avec, semble t'-il, une poignée. Leur nature nous échappe.