La tombe de Renni, numérotée EK 7, est d'un grand intérêt, non seulement dans le cadre du site d'El Kab, mais aussi plus largement parce que c'est une des rares tombes égyptiennes qui date du règne d'Amenhotep I Du point de vue décoratif, on sent ici l'influence de la fin du Moyen Empire, les canons du Nouvel Empire n'étant pas encore complètement en place.

HISTORIQUE

La tombe de Renni est connue depuis au moins l'époque de l'expédition d'égypte, comme en témoigne la planche ci-après représentant la procession funéraire, tirée de : Description de l'égypte (T I, pl 70).

En 1801, W.R. Hamilton publie dans Aegyptiaca, la scène de l'ouverture de la bouche. Champollion mentionne la tombe dans ses Notices (pp 272-3) et dans ses Monuments (pl CXLII fig-3) et publie l'inscription sur le décompte du bétail. Brugsh fait de même, il décrit aussi les graffiti démotiques. Lieblein, dans Namenwôrterbuch (N°572), publie plusieurs des noms propres.
Par contre la tombe de Renni est peu présente dans les célèbres Urkunden, n'occupant qu'une demi page seulement dans Urkunden IV, avec la mention "Renni fils de Sobek-Hotep", et là aussi le décompte du bétail. Curieusement Lepsius, qui décrit en détail El Kab, et notamment neuf de ses tombes, ne mentionne pas Renni.

LE PERSONNAGE

Qui était Renni?
Arrêtons nous un instant sur son nom. Tous les textes le représentent par avec le déterminatif de l'homme curieusement placé au milieu du nom. Ceci ne peut s'expliquer que d'une manière: il fallait séparer nettement les deux N et le nom devait se prononcer en deux temps:
Ren-ny ou même Ren-en-ny.
Pour la commodité de l'exposé, et pour respecter la tradition, nous continuerons à appeller le défunt Renni.

Comme d'habitude en égypte Ancienne nous ne savons pas grand chose de lui, et sa tombe ne nous apportera que quelques trop rares détails.
Néanmoins les personnages sont systématiquement nommés, leur fonction et ou leur lien de parenté avec Renni explicites.
Renni était Nomarque d'El Kab à l'époque d'Amenhotep I dont le nom (Djeser-Ka-Ra) est inscrit dans un cartouche surmontant la niche.
Renni était aussi grand prêtre de Nekhbet.
De très nombreux fils et filles du défunt sont nommés dans la tombe, ainsi que ses parents et grand-parents, des frères et soeurs et des tantes.
A l'époque où J.J.Tylor a publié la tombe, aucune trace de Renni n'était attestée ailleurs. Depuis, en 1981, Marek Marciniuk a publié une stèle graffito située dans une grotte au dessus de la terrasse supérieure de Deir-el-Bahari, qui mentionne Nefer-Hotep "Neferhotep justifié auprès d'Osiris qu'a engendré le prince Reneny et né de la maîtresse de maison Nehi, justifiée auprès d'Osiris". L'auteur propose d'y voir notre personnage.

GÉNÉRALITÉS

Le plan de la tombe est très simple : un couloir voûté, réalisant une sorte de tunnel aboutissant au fond à une niche à plafond droit. Les dimensions suivantes sont tirées du plan de la planche XVII : 9,10m pour le couloir (11,3m avec la niche), une moyenne de 3,40m de largeur et 3m de hauteur.
Au fond à droite (Est) se trouve une ouverture menant à une petite pièce d'environ 3m de côté, dans laquelle le puits funéraire a été creusé. Il semble qu'elle faisait partie du plan initial et que ce n'est pas un rajout. Ce plan sera repris ultérieurement pour .

La qualité d'exécution des décors est variable (je ne suis pas l'opinion de Tylor qui les considère comme médiocres) et les couleurs sont souvent très bien conservées. Par contre, les textes hiéroglyphiques sont émaillés de fautes. Le monument a aussi beaucoup souffert du temps et des hommes, et de larges pans de paroi sont manquants.
Toutefois il présente des scènes rares qui le rendent particulièrement intéressant.
Ainsi sur le mur Ouest près de l'entrée, une représentation de char attelé à deux chevaux, peut-être la plus ancienne représentation équestre d'égypte ().
Sur le mur Est l'une des représentation les plus connues des mystérieux danseurs Mouou ainsi qu'une curieuse scène où un homme reçoit une ablution assis sur une jarre.

LA FACADE

L'entrée est en très léger retrait par rapport à la verticale de l'encadrement du porche (environ 30cms). A l'origine il y avait sans doute un pavage sur le sol. Il a aujourd'hui disparu. L'entrée (si l'on fait abstraction des portes modernes) n'était certainement pas aussi largement ouverte à l'origine et devait comporter une maçonnerie et une porte de bois qui n'était ouverte par les parents du défunt que pour leurs visites lors des fêtes rituelles. De nombreux débris de vaisselle de culte ont été retrouvé en dehors de la tombe mais aucun à l'intérieur.
Une petite corniche décorée de bandes de couleur à sa face inférieure protégeait l'entrée et ses inscriptions des eaux de ruissellement.
En effet, le tour de la porte est inscrit. On y trouve les titres de Renni : scribe, prince héritier, chef des scribes, chef des servantes divines, et il précise qu'il est "né d'Iahmes justifiée". Il nous dit aussi qu'il a pu réaliser cette tombe par faveur royale.
On y trouve également des formules de dédicace classiques de type "hotep di nesou" c'est-à-dire "Offrande invocatoire que fait le roi" à tel dieu, afin que le défunt puisse bénéficier par un système de virement de ces offrandes. On y a rajouté un "appel aux vivants". Celui-ci consiste à exhorter le visiteur à réciter les formules magiques, à ne pas abîmer le monument, etc…lui promettant en retour longue et heureuse vie.

On peut noter la qualité de la restauration car les photos donnent plus de détail que . En général on note le phénomène contraire avec disparition progressive des inscriptions avec le temps.

LE PLAFOND, LES MOTIFS D'ENCADREMENTS

(, , )
Le plafond est entièrement peint. Dans la pièce principale, un axe central représente une poutre de bois de laquelle se détache de chaque côté un motif en damiers. Les carrés ainsi délimités sont blancs, marrons et jaunes et comportent un motif quadrifolié rouge ou ocre. Ce motif en damier se prolonge sur le plafond de la niche du fond qui ne comporte par contre plus l'image de la poutre centrale ().

Le motif s'étend latéralement jusqu'au sommet des murs où l'on trouve un encadrement uniforme représenté par une frise de Khakherous, représentant peut-être un boisseau de roseau ou de jonc (les interprétations sont variées). Cette frise est rouge, bleue et turquoise (). Elle même repose sur une "frise égyptienne" : il s'agit d'une bande de rectangles colorés : turquoise, ocre, rouge, jaune séparés par trois minces bandes jaune, blanche, jaune.

Sous la frise, on trouve courant le long des deux murs Est et Ouest une large bande blanche comportant une longue inscription en hiéroglyphes parfois maladroitement dessinés et qui n'ont pas été sculptés comme ils le sont ailleurs dans la tombe. Peut être ont ils dû être réalisés rapidement, après le décès de Renni.
Le décor proprement dit commence sous cette bande et est divisé en trois registres.
Sous les scènes, on trouve un bandeau de soubassement comportant une grande bande rouge entourée de deux bandes blanches plus petites.

La paroi Ouest est consacrée aux activités terrestres, notamment agricoles et à un "banquet" rituel avec les membres de la famille du grand-père de Renni, Sobekhotep. Le mur Est est lui dévolu aux scènes de funérailles et à un autre "banquet" avec les parents de son père également nommé Sobekhotep. Cette répartition est étrange car on se serait plutôt attendu à l'inverse.
Une des caractéristiques des décors cette tombe que Renni a manifestement voulu familiale est le très grand nombre de noms de personnage que l'on y trouve. Tous les intervenants sont nommés, y compris les plus subalternes. Ceci est très rare, et dénote sans doute la volonté de Renni d'offrir la vie dans l'Au-delà (et peut être d'associer à SA vie) ceux qui l'ont le mieux servi ici bas.
De nombreux personnages portent le nom de Sobekhotep, référence au grand dieu crocodile du Fayoum qui est géographiquement proche d'El Kab. Il en résulte une certaine confusion pour les situer.

MUR OUEST (GAUCHE)

1) L'inscription du bandeau qui court en haut du mur

(, , ).

Elle est assez mutilée et comporte une formule d'offrandes traditionnelle aux dieux. On peut lire encore : "Offrandes que donne le roi à Nekhbet, à Osiris maître d'Abydos […] Anubis celui qui est dans ses bandelettes, maître de la nécropole, seigneur de l'Amentit […] pour le prince Renni, Juste de Voix". En effet, par un système de virement, une partie des offrandes ainsi consacrées aux divinités était censée se retrouver au profit de Renni.

2) Scènes agricoles

Ces scènes couvrent environ les 2/3 gauche de la paroi.

a) Registre supérieur

A l'extrème gauche, avec des couleurs affadies par le soleil, nous trouvons une des premières sinon la première reproduction dans l'art égyptien de chevaux attelés à un char (, ). Les égyptiens n'ont jamais vraiment bien su représenter cet animal tardivement connu d'eux, et cette scène ne fait pas exception. On remarque aussi la disproportion entre la taille des animaux et du char avec celle du palefrenier qui tient les rènes et un fouet. Il s'agit là de l'attelage de Renni : le maître vient inspecter le travail sur ses domaines. Le char étant surement resté à quelque distance de la zone de travail, il est représenté plus petit que la suite du registre.
La première mention écrite de chevaux et de chars se trouve également à El Kab, dans la tombe (postérieure à celle de Renni) de .
Juste haut dessus de cette scène, on trouve une inscription en démotique, preuve que la tombe était encore visitée tardivement. Le Pr Eugene Cruz-Uribe a bien voulu nous en fournir , qu'il en soit remercié.
Sous la scène une inscription d'offrande "une offrande invocatoire que donne le roi à Nekhbet la brillante de Nekhen, (à Horus de Nekhen?) à Osiris-Khentyimentyiou, à Thot […]".

Le registre se poursuit avec des scènes traditionnelles de récolte (, ) : des paysans à la peau cuivrée, et dont la tête est protégée par une pièce de tissu jaune, coupent les épis avec une faucille de pierre, très haut comme toujours en égypte Ancienne ().

Des femmes à la carnation jaune pâle ramassent les épis qui sont ensuite placés dans des paniers. Ceux ci sont portés, chacun sur les épaules de deux hommes, suspendus au milieu d'une branche (ou de deux peut être, il peut y avoir un effet de pseudo perspective) (). Ainsi par exemple Aha et Ka-met (ou bah) -herou se dirigent vers l'aire de battage, dont la représentation est perdue sauf une petite partie gauche. Sous le panier qu'ils portent est représentée la femme Ipou, vêtue d'une robe blanche collante et tenant en main deux objets blancs mystérieux.
La scène se conclut, après la lacune (), par les deux responsables, celui du domaine et le contremaître, qui sont prosternés "flairant la terre" devant le maître (dont la représentation a disparue) et s'exclamant : "Louons le! Puisse Ra lui donner une longue vie, notre maître". On voit devant lui son chien, une sorte de lévrier, qui tourne la tête vers lui ().
Au dessus se termine la longue inscription par le nom de "…la maîtresse de maison Iahmes".

Sous les personnages, et constituant une séparation d'avec le registre sous jacent, court une inscription proclamant : "[Puisse tu] boire l'eau courante et recevoir l'offrande invocatoire de pain, bière, viande, oiseaux, et toutes bonnes choses pures données par le ciel ou apportées par Hapy (le dieu de l'inondation) ".

b) Registre médian

Nous le débutons sous la scène précédente qui en constitue la suite puisque nous voyons des paysans qui lancent les épis piétinés en l'air afin

que le vent sépare la bale du grain, ce dernier étant balayé par d'autres paysans (). Il est possible que le tas figuré dans le registre juste au dessus avant l'aire de foulage soit celui du grain trié.
Un petit segment de paroi résiduel montre ensuite deux femmes en train d'arracher les chaumes restant. Ceci facilitera le passage ultérieur de la légère charrue et fournira une provision de fourrage pour la période de l'inondation.
Viennent ensuite, se dirigeant vers l'entrée, des paysans courbés sur leur charrue et qui sont nommés: Kay, Se-ouadj-Ousir (litt : "celui qu'Osiris fait verdir") et Sennouou.
Chacune des légères charrues est tirée par une paire de boeufs dont la robe peut être rouge ou mouchetée noire et blanche. On distingue assez bien sur le détail de l'instrument aratoire, attaché à la corne interne des bêtes : la charrue est formée de deux branches courbes, auxquelles est attaché ce qui fait fonction de soc. 
Devant les animaux se tient le semeur Djehouty-Ra. Le grain qu'il séme sera enfoui à la fois par la charrue et par le piétinement des animaux qui seront ensuite lâchés dans le champ et dont la présence est attestée seulement par une paire de cornes restantes sur la paroi derrière lui.

Arrivant vers eux dans l'autre sens (et sous le char du registre supérieur) nous retrouvons Renni, sceptre Sekhem et canne en mains, petite perruque bouclée, précédé et suivi par ses serviteurs qui sont tous nommés (). Derrière lui, "son suivant Iahmes" porte l'arc et les flèches, puis un autre, "son suivant Djehouty", porte une hache de guerre; ce dernier a sur le bras gauche ce qui est a été décrit comme une dépouille d'animal ou encore une écharpe mais qui pourrait être un gant de protection pour archer. On a retouvé de tels gants dans la tombe de Toutankhamon. Entre Renni et Iahmes, nous retrouvons le chien fidèle déjà signalé, tenu en laisse par Iahmes.
On peut se demander ce que ce matériel guerrier fait dans cette scène champêtre? On peut supposer que Renni a participé aux opérations militaires du pharaon et qu'il s'agisse là d'une des raisons de la faveur royale. Quoi qu'il en soit, ce type d'exhibition était surtout destiné à accroître le prestige du maître.

Le commentaire de la scène et de celle que nous allons voir en dessous d'elle est situé entre les deux registres qu'elle contribue ainsi à unifier. On peut lire : "Inspecter le travail accompli par le Prince héréditaire parmi les serviteurs divins, le scribe, Renni, Juste de voix, qui renouvelle la vie". En faisant repousser les récoltes et croître les troupeaux, l'action de Renni s'inscrit donc dans l'ordre égyptien, voulu par les dieux : c'est en action.

c) Registre inférieur

Au dessous, de celle que nous venons de voir, une scène très rare représentant des cochons avec leur gardien Irnoutou (?), bâton sur l'épaule.
La comparaison avec la photo de l'époque de Tylor montre que la scène s'est encore dégradée depuis ().
Le cochon est considéré comme un animal impur en égypte Ancienne (et moderne!) bien qu'il ait été très largement consommé puisque l'analyse des déchets autour des villages antiques a montré la large prédominance de leurs ossements par rapport à ceux des autres animaux.

Puis nous trouvons une très large lacune où se trouvait représenté un troupeau de bovins dont nous voyons les premiers juste derrière le chef bouvier, Senbet, qui est accompagné d'un petit veau. C'est là la manière très égyptienne de souligner que, grâce à Renni, la vie se perpétue dans les troupeaux.
Senbet, courbé et main droite sur l'épaule gauche, salue Renni qui arrive en sens inverse, figuré comme déjà décrit, avec encore cette curieuse représentation du sceptre Sekhem passant illogiquement derrière le corps (). Il est figuré un peu plus grand que ses serviteurs. Le premier de ceux ci, devant lui, est "le scribe Djehouty". Il tient son matériel de scribe et écrit un décompte des animaux qui est représenté dans l'inscription au dessus de lui, et qu'on retrouve dans les Urkunden IV: "bêtes à corne 122, moutons 100, chèvres 1200, cochons 1500" ().
Derrière Renni se tient "son suivant Iahmes", mal proportionné, qui porte sur le bras droit son arc et une flêche () ainsi que la même pièce étrange qui pourrait être un gant d'archer. De la main gauche, il tient le tabouret du maître. Puis vient "son suivant Djehouty" avec sa hache de combat.

Enfin vient une scène très abîmée où l'on voit le bateau de Renni, il s'agit probablement de l'arrivée du maître au port d'El Kab (). On reconnait encore une image d'un homme assis à la poupe, probablement Renni, auquel une femme tend un rafraîchissement, et le signe hiéroglyphique Ka qui pourrait appartenir à une expression du type "n Ka ek", littéralement "Pour ton Ka!", càd "A ta santé!". La proue du bateau est partiellement visible après une lacune, et un marin pendu au cordage annonce le port en vue. Le reste de cette partie de registre est perdue définitivement.

3) Scènes de banquet

(, )
Le banquet représenté sur cette paroi est dédié aux grand-parents de Renni, Sobekhotep et sa femme Idy.
La nature réelle ou symbolique de ces scènes de banquet reste débattue dans la littérature égyptologique, mais elles sont présentes dans presque toutes les tombes de particuliers (jamais dans les tombes royales).
Ici ces scènes occupent environ le 1/3 de la partie droite du mur et elles sont séparées des scènes agricoles précédentes par une ligne verticale. On remarquera la très belle conservation des couleurs, les représentations se détachant clairement sur un fond bleu-gris.

La scène est déroulée sur quatre registres et tous les invités sont nommés. Les deux rangs du haut sont réservés aux hommes et ceux du bas aux femmes.

Sur le registre du haut, tous les hommes sont assis. Chaque invité dispose d'une serviette dans la main droite et d'une fleur de lotus bleu dans la main gauche qu'il présente à sa narine, un symbôle de renaissance. Le quatrième personnage à droite, est le frère soit de Sobekhotep, soit de Renni lui même : "son frère Sobekhotep". Rien ne le distingue des autres convives. Des servantes proposent des boissons, la première est d'ailleurs appellée "porteuse de coupe" ()

Le registre au dessous, présente d'autres invités, leur disposition sur le rang inférieur suggèrant une position sociale moins élevée. Les personnages agenouillés sur une natte sont deux "prêtres purs", qui ont du participer aux cérémonies. Le second, Djehouty, sa main sur l'épaule en signe de respect se retourne pour parler au premier personnage dont nous ne savons pas la fonction.
On remarquera la différence de traitement des sièges, ceux du registre haut ayant des pieds droits tandis que ceux du bas ont des pieds à extrémités incurvées ().

Le troisième registre, le premier des femmes, est presque complètement perdu, et il faut se reporter au dernier registre du bas pour voir la représentation des dames qui sont des femmes et des soeurs soit de Sobekhotep, soit de Renni. Toutes sont agenouillées jusqu'à l'endroit où le registre va passer sous la représentation du maître et de son épouses. Le siège étant un attribut d'importance sociale, elles n'en bénéficient pas, malgré leurs liens de parenté avec le maître. Coiffées d'une perruque tripartite, elles tiennent en main comme les hommes une fleur de lotus et une pièce d'étoffe. Sous la représentation de Sobekhotep et de son épouse Idy, que nous allons voir, ce sont les dix filles du couple ou de celui de Renni qui sont figurées debouts, revêtues d'une longue robe collante, bras le long du corps.

La représentation du prince Sobekhotep et de son épouse Idy

Elle se trouve à l'extrémité de la paroi et occupe la hauteur de trois registres (). Elle est séparée des rangs des invités par une grande table d'offrande dont seule subsiste une partie du haut ().

On peut se demander quel est le lien de parenté de ce personnage avec Renni pour avoir reçu un tel traitement de faveur. Si Tylor pensait y voir le frère de Renni, Griffith pense qu'il s'agit plutôt de son grand-père Sobekhotep, ce qui semble plus logique.

Le couple est assis sur des sièges bas avec un petit dosseret reposant sur une natte. Sobekhotep porte une courte perruque bouclée et la barbe droite des vivants, ainsi qu'un large collier Ouser autour du cou. Il étendait le bras vers la table d'offrande devant lui dont il est séparé par cinq colonnes de texte mutilé dont la fin cite : "le prince héréditaire Sobekhotep, Juste de voix, mis au monde par la maîtresse de maison Iahmes".

Les et montrent le détail des personnages. Idy porte une longue robe blanche, une perruque tripartite et elle aussi un collier Ouser. Elle porte d'une main une fleur de lotus ouverte à sa narine et son autre bras enserre son époux. Des bracelets décorent son poignet et son bras. Sous le siège, le miroir hathorique à disque de cuivre poli, ainsi que les pots d'onguents et de fards vont lui servir à remplir le rôle qui est le sien dans ce contexte : elle prend la fonction de la déesse Hathor et doit, par sa beauté et son habileté, stimuler les fonctions sexuelles de son époux afin de lui permettre de renaître de ses propres oeuvres dans l'Au-delà. Devant le couple on retrouve les jambes d'un enfant, certainement un de leur fils ou petit-fils.

La paroi se conclut par la prolongation verticale de le frise égyptienne déjà évoquée.

Retournons nous maintenant et continuons notre visite par le mur droit.