DES CHIFFRES ET DES MUSÉES

L’exposition Sésostris III de Lille est un événement à plusieurs titres. C’est la première fois que le Palais des Beaux-Arts (PBA) de cette grande métropole du nord présente un pharaon de l’Égypte ancienne à la population du nord de la France, de la Belgique et de la Grande-Bretagne (accès ultra-rapide par Thalys et Eurostar). Beaucoup d’entre vous se souviendront de la grande exposition « Pharaon – Homme, roi, dieu » qui eut lieu fin 2007 – début 2008 au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes.
Cette fois, il s’agit d’une nouvelle exposition, entièrement axée sur un seul pharaon, Sésostris III. La force de l’exposition réside dans une confrontation d’objets (il y en a 350), spectaculaires mais aussi miniatures, qui retracent le règne de Sésostris III, grand bâtisseur et réformateur du royaume d’Égypte sous le Moyen Empire. D’après certaines sources, il aurait régné entre 1872 et 1854 avant J.-C. (12ème dynastie).

L’initiative de l’exposition revient au Palais des Beaux-Arts, dont les collections se sont enrichies depuis octobre 2006 des pièces égyptologiques qui avaient été collectées par l’Université de Lille 3 sur les sites de la Nubie soudanaise, suite aux fouilles dirigées par Jean Vercoutter dans les années 60 sur les sites d’Aksha, de Mirgissa et de l’île de Saï. Bénéficiant de nombreux dons du gouvernement soudanais, l’Université et le musée ont souhaité mettre en valeur ces collections précieuses, en tout cas en ce qui concerne les pièces datant de l’époque de Sésostris III.

RÉVÉLATEURS D'ÉGYPTE : ARCHÉOLOGIE ET PHOTOGRAPHIE AU 19e SIÈCLE

Par définition, ouvrir un chantier de fouilles implique d'enlever strate par strate ce que l'homme et la nature ont accumulé jusqu'à découvrir le premier niveau d'occupation. Si aujourd'hui immortaliser la progression d’un tel chantier grâce à la photographie constitue pour les archéologues un geste anodin, il n'en a pas toujours été de même. Pour ces chercheurs du milieu du 19e siècle, se saisir d’une chambre photographique et compiler trouvailles et "souvenirs" d’un travail encore indélicat et par trop sélectif releva en effet longtemps du geste pionnier.

La photographie d'archéologie ne rencontra pas un succès immédiat auprès des archéologues. Faiblesses techniques des procédés, contraintes de mise en place des dispositifs et connaissances requises en chimie et en optique suscitèrent peu de vocations dans un premier temps. Il fallut attendre que certains égyptologues amateurs de photographies en démontrent l’intérêt d’un point de vue scientifique, de communication, d’appel à subventions publiques, … pour que la photographie trouve enfin la place que nous lui connaissons aujourd’hui.
À travers une trentaine de clichés, l'exposition présentera l'évolution de la technique photographique de son origine au début du XXe siècle (du daguerréotype au cinématographe) et déclinera les thématiques de prises de vue telles que les archéologues les pratiquent encore de nos jours (étude de terrain, cartographie, photographie à des fins de communication…).
Entre images commerciales basées sur le visible et photographies scientifiques discernant par exemple le contexte d'un fragment mis à jour, le visiteur découvrira les différentes pratiques de ces spécialistes du dessin photogénique et/ou archéologues.

LA TOMBE DE DJEHOUTYHOTEP À DEIR EL-BERSHA

Djehoutyhotep fut le dernier gouverneur du Nome du Lièvre, qui vécut sous le règne d’Amenemhat II, Sésostris II et Sésostris III. Il se fit élever une grande tombe dans la nécropole de Deir el-Bersha, là où ses prédécesseurs se faisaient enterrer. Fouillé à la fin du 19e siècle, le cimetière est à présent exploré par le Prof. Harco Willems et son équipe de la KU Leuven, Belgique (). Ses recherches récentes ont permis de mieux comprendre l’organisation spatiale des sépultures : plus on s’élève dans la montagne, plus le propriétaire est important. Les sépultures des nomarques, creusées à même la roche, dominent ainsi le paysage et sont accessibles grâce à une allée processionnelle empruntée lors de la fête annuelle des morts ou des enterrements.
Grâce à l’équipe de la KU Leuven et à la société INGEO de Lille, on peut voir dans l’exposition et de son décor sculpté et peint.
L’une des scènes les plus célèbres décrit le transport d’une statue colossale à l’effigie du nomarque, dont le poids estimé est de 80 tonnes. Elle est tirée par 172 hommes jusqu’à une chapelle dédiée à cet important personnage (chapelle du ka) qui devait se trouver en contrebas du cimetière, dans le village de Tjerty.
La description complète de la tombe de Djehoutyhotep se trouve .