INTRODUCTION

"Sésostris III, pharaon de légende" est la première exposition au monde consacrée à ce grand roi d’Égypte.
Elle est organisée au Palais des Beaux Arts de Lille et résulte d'une collaboration exceptionnelle entre le musée, l'université de Lille III et le musée du Louvre.

Moins connu du grand public que ses successeurs Toutankhamon et Ramsès II, le pharaon Sésostris III est pourtant l’un des souverains les plus emblématiques de l’Égypte antique. Sa renommée en fit le modèle par excellence du Monarque égyptien chez les auteurs de l’Antiquité classique. Au cœur du Moyen Empire, son règne (v. 1872-1854 av. J.-C.) marque une rupture dans l’histoire du pays. Ce pharaon visionnaire s’érige en chef d’expéditions pour étendre ses frontières vers le sud ou ses armées affrontent le redoutable royaume de Kerma (Soudan actuel). Il y fait construire un gigantesque réseau de forteresses, premier exemple d’architecture militaire en Égypte. Il parvient aussi à établir des relations commerciales et diplomatiques intenses avec ses voisins de la méditerranée orientale (actuels Chypre, Turquie, Liban, Syrie, Israël, Palestine).
Parallèlement, il réforme et réinvente l’état égyptien. Ce changement est incarné dans l’art par la statuaire : les portraits énigmatiques du pharaon qui nous sont parvenus rompent avec les canons traditionnels. Ils le montrent tantôt sous des traits marqués, symboles de sagesse, tantôt sous les traits idéaux d’un jeune homme. Cette nouvelle image du pouvoir fait écho à l’intense entreprise de propagande royale relayée par les élites. Les autres productions artistiques (bijoux, objets de la vie quotidienne, mobilier funéraire) et la création de grands temples et de vastes nécropoles témoignent de la prospérité retrouvée de la civilisation égyptienne. Ce sont donc les richesses artistiques d’une période considérée comme un âge d’or de l’Égypte ancienne que le public pourra découvrir.

En trois grands moments, l’exposition dessine le portrait de l’Égypte sous Sésostris III, grand chef militaire et fin stratège politique. Elle lève le voile sur la société égyptienne, fortement hiérarchisée, au sein de laquelle une classe de fonctionnaires dévoués voit le jour. Le parcours met l’accent sur les contacts militaires ou commerciaux que Sésostris III et ses successeurs ont noués avec les puissances voisines. Le monde des dieux et le monde des morts sont évoqués à travers les complexes funéraires royaux et le succès sans précédent que connait à cette époque le culte du dieu Osiris. Ce phénomène s’accompagne d’un renouveau des pratiques funéraires des élites, qui se répandent jusqu’aux frontières les plus reculées de l’Égypte.

L’exposition de Lille réunira environ 200 prêts des plus grands musées internationaux et dévoilera une centaine d’œuvres de l’importante collection d’égyptologie issue de fouilles de l’université de Lille 3 et conservée au Palais des Beaux-Arts.
Cet ensemble éclairera d’un jour nouveau les impressionnantes forteresses de Nubie, désormais ensevelies sous les eaux du Lac Nasser, et feront revivre aux yeux du public la vie des anciens égyptiens aux frontières du royaume. L’événement mettra également en lumière les récentes fouilles archéologiques en Égypte (sites de Dachour, Abydos et Deir el-Bersha) qui ont profondément renouvelé notre compréhension du règne de Sésostris III.

Dans le cadre de l’exposition, l’atrium du musée sera occupé par les sculptures des artistes contemporains Antony Gormley et Wolfgang Laib sur le thème du transport des âmes. “Œuvres de passage”, elles invoqueront la part mythologique de l’Égypte antique, qui ne cesse de fasciner, sur le dialogue entre les vivants et les morts, de la momie à la pyramide. L’aventure des fouilles archéologiques de la fin du 19e au début du 20e siècle sera quant à elle illustrée par une exposition de photographies anciennes.